> Quatrième de couverture <
Dans un hameau perdu des îles Canaries, vivent deux jeunes filles : la narratrice, gamine livrée à elle-même alors que ses parents travaillent jour et nuit au service des touristes, et sa meilleure amie, Isora.
Entre les héroïnes, perdure depuis l’enfance une amitié fusionnelle et dévorante.
Alors qu’arrive le temps des premiers émois, le duo entre en adolescence comme on entre en rébellion.
Ce sera elles deux contre le reste du monde.
C’est ainsi, elles partagent tout, pour le meilleur et pour le pire… mais le pire n’est jamais loin pour cette jeunesse démunie et oisive.
L’île, terre riche de contrastes, devient le théâtre d’une tragédie cruelle, alors que les plages ensoleillées déversent toujours plus de touristes et que le poids des nuages sur les versants volcaniques menace les petits villages décatis abritant la population – le luxe le plus indécent côtoie la misère nue ; la terre de légendes hantée par les sorcières rencontre la décadence de la modernité.
> Spécificités <
- Editions originales : Editions de L'Observatoire
- Date de parution : 05/01/2022
- Nombre de pages : 154
- Traduit de l'espagnol (Canaries) par Margot Nguyen Béraud
Voilà donc ma première incursion en matière de littérature originaire des Iles Canaries. Vous comme moi connaissons ces îles volcaniques, y êtes-vous peut-être déjà allés d’ailleurs. Andrea Abreu signe un premier roman sur la fin de l’enfance et l’entrée dans l’adolescence, dans un petit hameau de ces îles, bien loin des plages de sable blanc et des riches complexes hôteliers.
Telle une vraie immersion dans le quotidien de la surnommée Shit, une gamine de 10 ans. On y vit les moments partagés avec sa meilleure amie, Isora, entremêlés avec les joies, les peines, les premières découvertes notamment sexuelles, les faiblesses, la fin de l’innocence infantile. Élevée par sa grand-mère la plupart du temps puisque ses parents travaillent dans le domaine touristique, Shit se cache bien souvent derrière cette amie si extravertie et solaire. Cette amitié fusionnelle mais toxique en vient aux premiers émois, aux premières déceptions. Petit à petit, les esprits s’échaufferont, comme la nature volcanique de l’île, au risque de l’explosion.
Ce qui pourra surprendre plus d’un lecteur est le style d’écriture. C’est Shit, une gamine de 10 ans qui nous conte son histoire et celle du petit hameau où elle grandit. L’écriture est telle qu’elle pourrait la raconter à haute voix. Écrite à la première personne du singulier, cette enfant ne manie pas encore toutes les subtilités de vocabulaire et ce qui pourrait paraître pour des erreurs est, en fait, une appropriation du langage qu’elle pourrait avoir.
Souvent vif et spontané, le phrasé est parfois dépourvu de ponctuation mais cela donne de la substance à l’histoire et au livre en général. Ayant été moi-même une petite fille, certains passages ont fait écho en moi de ces amitiés que l’on pense éternelle mais qui au final, nous empoisonnent plus qu’autre chose. Shit présente les contradictions de la gamine qu’on voudrait secouer pour qu’elle comprenne la vie et en même temps, qu’on voudrait protéger contre les duretés de la vie.
On est souvent aveuglé par le « faste » de ces îles et on en oublie le simplisme de vie qu’il peut exister loin des regards. Au détour des petites ruelles brûlantes et poussiéreuses, on croise ces petites gamines dont les yeux fourmillent de mille et une aventures dont Andrea Abreu nous a livré un court pan de vie mais tellement intense.
Je remercie les Editions de L’Observatoire pour leur confiance.