> Quatrième de couverture <
On est à la fin des années 80, la période bénie des winners. Le capitalisme et ses champions, les Golden Boys de la finance, ont gagné : le bloc de l’Est explose, les flux d’argent sont mondialisés. Tout devient marchandise, les corps, les femmes, les privilèges, le bonheur même. Un monde nouveau s’invente, on parle d’algorithmes et d’OGM.
À Genève, Svetlana, une jeune financière prometteuse, rencontre Aldo, un prof de tennis vaguement gigolo. Ils s’aiment mais veulent plus. Plus d’argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance. Leur chance, ce pourrait être ces fortunes en transit. Il suffit d’être assez malin pour se servir. Mais en amour comme en matière d’argent, il y a toujours plus avide et plus féroce que soi.
De la Suisse au Mexique, en passant par la Corse, Joseph Incardona brosse une fresque ambitieuse, à la mécanique aussi brillante qu’implacable.
Pour le monde de la finance, l’amour n’a jamais été une valeur refuge.
> Spécificités < - Editions : Finitude - Date de parution: 02/01/2020 - Nombre de pages : 387
Voilà encore un livre dont je serais sûrement passée à côté, si je n’avais pas fait partie du jury du Grand Prix des Lectrices Elle 2020. Et alors, quel dommage car il m’a tout simplement et énormément captivée.
Ce livre est une totale découverte pour moi : que ce soit son auteur, Joseph Incardona, ou cette maison d’édition, Finitude. Dès les premières pages lues, j’ai été happée par cette histoire, ô combien originale et dans un style absolument maîtrisé. Selon moi, c’est une petite pépite. En une seule page, l’auteur vous « inonde » dans le bon sens du terme, dans un florilège d’informations sur ses personnages et son récit.
On y fait la connaissance d’Aldo, un professeur de tennis d’un club huppé suisse. Aldo a un petit secret : il fournit quelques extras à ses riches élèves; oui, on peut le dire, c’est un gigolo. Ce qui va radicalement changer sa vie c’est sa rencontre avec Svetlana, une chargée de pouvoir de la banque UBS. Et voilà nous plongés en immersion dans la Suisse de la fin des années 1980, dans le monde cruel de la finance passé au vitriol, près de la chute du régime soviétique. Cela m’a plu de découvrir cette période de l’histoire, peu abordée dans mes lectures traditionnelles alors que, pourtant, je suis un bébé de cette décennie.
Il est impossible de résumer en quelques mots cette histoire, si riche en rebondissements. Un thème en particulier entoure tout cela : l’argent. Souvent abordé de façon assez cynique et extravagante, c’est une prise de conscience à travers les multiples manipulations qui peuvent intervenir. Les péripéties se succèdent et on se force à devoir lâcher ce livre grandiose pour continuer à manger, dormir, travailler,… Quant au final, il m’a vraiment surprise car j’étais à mille-lieues d’avoir résolu son intrigue prodigieuse.
Le style d’écriture atypique de Joseph Incardona est très particulier puisqu’il donne beaucoup d’informations par pages et c’est donc énormément condensé. Pourtant, c’est un style que j’affectionne abondamment. Je peux me douter que cela en rébutera certains mais cela serait dommage. Même si le livre ne compte « que » 387 pages, vous aurez l’impression d’avoir découvert une saga de près de 2.000 feuilles. Je pense vraiment que c’est un livre que : soit on adore, soit on déteste mais qu’il n’est pas possible d’avoir de demi-mesure.
Autre point que je souhaiterais aborder : je trouve que la couverture est tout simplement sublime à l’image du bouquin : sur un fond doré métallisé, une série de mécanismes s’enchaînent, s’encastrent parfaitement; voilà comment on pourrait apprécier cette fresque brillante!
Merci les copines jurées du mois d’avril de me l’avoir mis dans les mains. Voilà comment clore en toute beauté un prix littéraire qui m’a tenue en haleine durant 8 mois et où les belles découvertes littéraires et amicales se sont succédées.
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2020, sélection « Littérature », du mois d’avril.