> Quatrième de couverture <
« J’ai mille ans…
Je viens de naître. »
Ainsi commence l’histoire de la petite Amal (« espoir » en arabe) née au milieu de rien, d’une mère prostituée dans une maison close en contrebas d’un village d’orpailleurs et de contrebandiers, interdit aux femmes, au Nord du Soudan près des frontières égyptiennes et libyennes.
À peine née, Amal est jetée avec sa mère sur la route de l’exil, du Nord du Soudan à la Méditerranée.
Ce bébé et sa mère vont quitter leur village, franchir le désert, arriver jusqu’à la mer et tenter de survivre à la traversée, la mort et l’amitié s’invitant sur leur voyage.
Mais le tragique prend une tournure moins dramatique vu par les yeux d’un bébé qui tente de trouver une morale à chaque soubresaut de sa très jeune vie.
Une errance ponctuée de personnages hauts en couleur, du propriétaire du bordel au milicien, en passant par les archéologues français, les autres migrants et les amis de passage.
- Spécificités - * Editions originales : Editions Récamier * Date de parution originale : 24/08/2023 * Nombre de pages : 224
Il est des livres qui vous retournent le cœur, qui vous font ressentir des centaines d’émotions, qui vous émeuvent, qui vous prennent aux tripes. « J’ai mille ans … » de Jean-Marie Quéméner est de ceux-là pour moi. Il est un des livres que j’ai lus cette année qui m’a le plus marquée et je pourrais même dire de ces dernières années.
Portée par la voix de Amal, née au milieu de nulle part, au fin fond de l’Afrique, au Nord du Soudan, c’est l’histoire de cet enfant et de sa mère, dans un désert de poussières, où le seul espoir est de quitter ce lieu pour tenter sa chance ailleurs. Sa mère, prostituée dans un bordel fréquenté par les locaux et des expatriés, souhaite un avenir meilleur pour sa fille. C’est pour cela qu’elle entreprend le périlleux voyage pour quitter la misère vers l’Europe, via la mer Méditerranée qui a déjà englouti tant de migrants…
Ce magnifique hommage écrit par Jean-Marie Quéméner est rempli de poésie malgré la dureté du propos. Offrant un visage à ces oubliés pour qui l’Europe ressemble à un Eldorado et qui tentent de la rejoindre au péril de leur vie, cette histoire pourrait être celle de milliers d’entre eux.
J’ai trouvé la plume fluide et magnifique. Comment ne pas s’attacher à ce bébé et à cette mère qui souhaitent « seulement » vivre ? La galerie de portraits qui entoure le récit offre un florilège de personnages, pour certains ô combien attachants et captivants tandis que d’autres exécrables et profitant de la misère humaine.
Je n’ai absolument rien à reprocher à ce livre ou à vainement tenter de trouver l’un ou l’autre grief. Sans forcément le vouloir, ce roman mène à la réflexion, à ce qui est vraiment fait contre les dangers de l’eau mais aussi ces passeurs pour qui une vie humaine n’est qu’une somme d’argent.
Même si j’étais déjà bouleversée par les migrants des quatre coins du globe, dorénavant, je ne regarderai plus de la même façon ces mers et océans qui submergent bien des espoirs en quête simplement de liberté.
Merci Jean-Marie Quéméner pour ce livre fabuleux et pour avoir offert votre plume à ces multiples voix oubliées.
Tout au long du récit, ma lecture a été ponctué des paroles de la magnifique chanson « Mercy » du duo français Madame Monsieur…
« Je suis née ce matin
Je m’appelle Mercy
Au milieu de la mer
Entre deux pays, Mercy
C’était un long chemin et Maman l’a pris
Elle m’avait dans la peau, huit mois et demi
Oh oui, huit mois et demi
On a quitté la maison, c’était la guerre
Sûr qu’elle avait raison, y’avait rien à perdre
Oh non, excepté la vie
Je suis née ce matin, je m’appelle Mercy
On m’a tendu la main et je suis en vie
Je suis tous ces enfants que la mer a pris
Je vivrai cent mille ans, je m’appelle Mercy
S’il est urgent de naître
Comprenez aussi
Qu’il est urgent de renaître
Quand tout est détruit
Mercy
Et là devant nos yeux y’avait l’ennemie
Une immensité bleue peut-être infinie
Mais oui, on en connaissait le prix
Surgissant d’une vague, un navire ami
A redonné sa chance à notre survie
C’est là, que j’ai poussé mon premier cri
Je suis née ce matin, je m’appelle Mercy
On m’a tendu la main et je suis en vie
Je suis tous ces enfants que la mer a pris
Je vivrai cent mille ans, je m’appelle Mercy
Derrière les sémaphores, serait-ce le bon port ?
Que sera demain ? Face à face ou main dans la main
Que sera demain ?
Je suis née ce matin, je m’appelle Mercy
Mercy, Mercy, Mercy, Mercy
Mercy, Mercy, je vais bien merci
Mercy, Mercy, Mercy, Mercy
Mercy, Mercy, je vais bien merci
Mercy, Mercy, Mercy, Mercy
Mercy, Mercy, je vais bien merci
Mercy, Mercy, Mercy, Mercy
Mercy, Mercy, je vais bien merci »
Je remercie les Editions Récamier pour leur confiance.