> Quatrième de couverture <
Bird Gardner, 12 ans, vit une existence tranquille avec son père aimant mais brisé, un ancien linguiste qui range maintenant des livres dans la bibliothèque de Harvard. Il sait ne pas trop se poser de questions, trop se démarquer, trop s’éloigner. Pendant une décennie, leurs vies ont été régies par des lois écrites pour préserver la « culture américaine » après des années d’instabilité économique et de violence. Pour maintenir la paix et rétablir la prospérité, les autorités sont désormais autorisées à déplacer les enfants de dissidents, en particulier ceux d’origine asiatique, et les bibliothèques ont été contraintes de retirer des livres considérés comme antipatriotiques – y compris l’œuvre de la mère de Bird, Margaret, une poétesse sino-américaine. qui a quitté la famille à l’âge de neuf ans.
Bird a grandi en reniant sa mère et ses poèmes; il ne connaît pas son travail ou ce qui lui est arrivé, et il sait qu’il ne devrait pas se poser la question. Mais lorsqu’il reçoit une lettre mystérieuse ne contenant qu’un dessin énigmatique, il est entraîné dans une quête pour la retrouver. Son voyage le conduira à travers les nombreux contes folkloriques qu’elle a mis dans sa tête lorsqu’elle était enfant, à travers les rangs d’un réseau clandestin de bibliothécaires, dans la vie des enfants qui ont été emmenés, et enfin à New York, où un nouvel acte de le défi peut être le début d’un changement indispensable.
> Spécificités < * Editions originales : Sonatine * Date de parution originale : 24/08/2023 * Nombre de pages : 528 * Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Julie Sibony
Véritable roman d’anticipation, Celeste Ng offre une dystopie réaliste mêlant une réflexion du monde que nous laisserons aux générations futures et une vision quelque peu inquiétante du monde que nous pourrions connaître dans un avenir pas si lointain.
Le PACT est instauré par le nouveau gouvernement américain. Cette loi liberticide favorise la préservation des traditions américaines et institue que toute culture étrangère est suspecte et dangereuse pour la société. Les libertés individuelles ont été réduites à peau de chagrin, chaque citoyen est surveillé et peut être dénoncé à tout moment par toute personne, les dissidents peuvent se voir retirer leurs enfants du jour au lendemain, les manifestions prohibées tout simplement.
Tous les livres considérés comme réfractaires au régime ont été retirés purement et simplement des bibliothèques, afin d’être détruits. C’est le cas de ceux de la poétesse Margaret Miu qui a mystérieusement trois ans auparavant, laissant son mari et son fils sans nouvelles. Lorsque ce dernier, Bird, reçoit par courrier un dessin, il est persuadé qu’il lui vient de sa mère et part à sa recherche.
L’autrice, Celeste Ng, a imaginé de A à Z un programme politique liberticide et dictatorial tenant parfaitement la route. Le racisme anti-asiatique est mis en évidence, thème peu abordé dans mes lectures, contrairement à celui anti-afroaméricain. Cette société imaginée mettrait sur les dos de la Chine, tous les maux touchant le pays. La montée de l’extrême-droite aux Etats-Unis, surtout lors du mandat de Donald Trump, rend ce livre si pragmatique.
L’autre sujet principal est la quête de cet enfant, Bird, pour retrouver sa mère. Pour lui, c’est aussi découvrir ses racines et comprendre ses origines. La façon dont la narratrice aborde cette relation mère-fils est criante d’émotions et ne laissera aucun lecteur indifférent.
Les décors sont hyper travaillés et décrits avec beaucoup de minutie. Aucun détail n’a été laissé au hasard. La genèse du roman est, par ailleurs, expliquée par Celeste Ng elle-même à la fin de ce bouquin brillant et éminent.
A aucun moment, elle ne choisit la facilité, tant dans la façon de traiter les différentes thématiques que dans le contenu même de l’histoire. C’est un livre dont on ne ressort pas indemne au final car même les dernières pages tournées, Bird et Margaret occuperont une place certaine dans le coeur de leurs lecteurs.
Je remercie les Éditions Sonatine pour leur confiance.
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