> Quatrième de couverture <
Une histoire d’amour magnifique, celle d’un jeune homme pour une femme d’âge mûr qui éclaire et modifie son regard sur le sens de la vie. Un livre où la littérature, premier amour de ce garçon, devient vitale. Car dans une ville où règne l’effroi, seul l’imaginaire sauve de l’enfermement…
> Spécificités < - Editions : Actes Sud - Date de parution : 01/09/2021 - Nombre de pages : 272 - Traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanas
Parmi toutes mes lectures, je constate que je lis essentiellement des auteurs provenant des mêmes pays. Généralement, ils sont français ou américains, voire anglais à part pour la littérature noire où j’aime énormément les auteurs nordiques.
N’ayant pas su m’inscrire au Prix Bookstagram du roman étranger pour des raisons personnelles, j’ai décidé de lire le maximum de livres en lice car je trouvais la sélection très tentante.
En plus, comme écrit ci-dessus, j’aimerais étendre l’origine des auteurs des oeuvres que je lis. Le premier sélectionné pour le Prix était justement écrit par un auteur turc. La Turquie est un pays pour lequel j’ai de graves lacunes, à l’exception d’Elif Shafak pour laquelle j’avais eu un énorme coup de coeur pour son merveilleux livre, « 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange », lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle.
Fazil est un jeune issu d’une famille bourgeoise. Universitaire en littérature, il se retrouve désargenté lorsque son père fait faillite à la suite de mauvais investissements et se suicide. Dans le cadre d’un petit boulot pour tenter de subvenir à ses besoins, il fait la rencontre de Madame Hayat, une quinquagénaire, un peu excentrique. Alors qu’il en tombe amoureux, il rencontre Sila, une camarade d’auditoire, aux antipodes de la quinqua mais pour laquelle les sentiments se dévoilent petit à petit. Comme les deux faces d’une même pièce, les deux femmes hantent le coeur de Fazil qui se cherche dans une société qu’il ne reconnaît plus.
Aux premiers abords, ce livre m’a directement fait pensé au film « Le lauréat » et à sa bande-son de « Mrs. Robinson » du duo Simon et Garfunkel. La comparaison s’arrête au personnage de Madame Hayat car l’histoire se déroule dans un pays autoritaire (dont on peut supposer qu’il s’agit de la Turquie, même si elle n’est pas distinctement nommée) où la liberté d’aimer, entre autre, n’est que fictive.
Le fait que ce livre ait été écrit par son auteur, Ahmet Altan, alors qu’il se trouvait en prison, accusé d’avoir participé indirectement au coup d’Etat raté de juillet 2016 contre le président Erdogan lui fait prendre une saveur particulière. Les deux héroïnes féminines de ce roman s’apprivoisent comme les contradictions qui étrennent la Turquie entre le classicisme et la modernité. De nombreux personnages secondaires ont toute leur importance et donnent de la force au récit. Les références littéraires se mêlent efficacement à l’histoire.
Loin d’être un pamphlet politique ennuyeux, c’est au final une ode à l’amour et à la liberté qu’Ahmet Altan concède aux lecteurs, avec beaucoup de poésie et de délicatesse.
Ce livre a été récompensé par le prix Fémina étranger.