> Quatrième de couverture <
L’offre est brute, directe : C’est 30 000.
30 000 euros pour quitter Lagos et le désespoir qui tue.
30 000 euros pour atteindre l’Europe débordante de richesses.
Une dette à laquelle s’ajoute le loyer qu’il faut rembourser par mensualités en travaillant dix heures par jour dans une rue du quartier chaud d’Anvers.
Sisi, Ama, Efe et Joyce ont quitté le Nigeria, animées par cette volonté universelle : survivre pour se construire une vie meilleure. En attendant, elles partagent un modeste appartement et rejoignent chaque soir les vitrines du quartier rouge, les yeux rivés sur les promesses de l’Europe.
Mais soudain, le meurtre brutal de Sisi fait voler en éclats la routine et les silences. Et c’est toute leur histoire qui surgit alors des profondeurs de l’humanité.
> Spécificités < - Editions : Globe Editions - Date de parution : 12/01/2022 - Nombre de pages : 304 - Traduction de l'anglais (Nigéria) par Marguerite Capelle.
Les Editions Globe ont fait très fort avec cette rentrée hivernale 2022. Premier roman publié en France de Chika Unigwe, celle-ci est pourtant considérée comme l’un des cinq auteurs africains les plus importants de ces dix dernières années. Après avoir lu « Fata Morgana », je comprends mieux le pourquoi de ce constat.
Sur les thèmes difficiles de la migration, de la prostitution, des violences faites aux femmes, Chika Unigwe en tire un magnifique roman, à la fois terriblement réaliste mais aussi émouvant.
On y fait la rencontre de 4 jeunes femmes nigérianes qui se retrouvent à devoir se prostituer dans le quartier rouge d’Anvers. Lors de la mort de l’une d’entre elles, elles reviennent petit à petit sur le passé. Car malgré leur cohabitation dans un logement sordide, elles ne se connaissent pas ou prou. Hormis leurs différences, elles ont un point commun : avoir cru en un rêve européen qui au final, à virer au cauchemar.
Qui n’est jamais passé par ces rues où des jeunes femmes s’affichent dans des vitrines ou sur des trottoirs et dont la seule chose que nous faisons est de baisser les yeux comme si elles n’existaient tout simplement pas?
L’auteure ne fait aucun ambage sur la vie que ces femmes, venant de milieux très différents, doivent vivre, souvent désillusionnées face à leur quotidien, dans la misère sociale. Au travers d’un travail de rencontres avec ces travailleuses du sexe, c’est une immersion totale dans ce milieu, souvent glauque et oublié et pourtant, en ressort un roman lumineux.
On ne peut être que stupéfait par la force mentale qu’ont ces femmes, devant cette adversité de la vie. On est bien loin des stéréotypes qu’on peut avoir à leurs sujets, vues comme de simples victimes de la traite d’êtres humains. Elles sont maîtresses de leurs vies malgré le manque d’étendue pour de réelles perspectives. Le lecteur ne peut que s’attacher aisément à ces personnages.
La plume de l’auteure est très fluide à lire, qui est parfaitement retranscrite par la traduction de Marguerite Capelle. Elle a fait le choix de garder certaines phrases en dialecte pour « faire entendre la couleur et la texture de ceux-ci ».
Pour ceux qui se demanderaient ce que veut dire le terme de « fata morgana », il s’agit d’un phénomène optique qui résulte d’une combinaison de mirages.
Je remercie les Editions Globe pour leur confiance et l’envoi de cet émouvant livre.