La semaine passée a été déjà riche en nouvelles parutions et cette nouvelle semaine annonce tout autant une profusion de livres. C’est pourquoi je préfère vous faire des articles séparés pour les deux jours principaux de sortie c’est-à-dire le mercredi et le jeudi.
POUR LE 24 AOUT :
- “Quand s’illumine le prunier sauvage” de Shokoofen Azar aux Editions Charleston, traduction de Muriel Sapati, 352 pages.
Ayant fui Téhéran pour échapper à la Révolution Islamique de 1979, Hashang, Roza et leurs trois enfants tentent de reconstruire leur vie dans le petit village de Razan, au cœur de la région montagneuse de Mazandaran. Mais personne n’échappe longtemps à la violence et au chaos… et la répression finira fatalement par les rattraper.
Djinns, démons, sirènes et fantômes côtoient dictateurs et bourreaux dans ce texte empreint de réalisme magique à la manière d’un poème perse.
POUR LE 25 AOUT 2021:
- “Le silence de l’amour” de François Simon aux Editions des Equateurs.
John Lennon et Yoko Ono vécurent plusieurs étés de paix dans les montagnes retirées du Japon, à Karuizawa. On en parla peu. Car il ne se passa presque rien. Ils appelèrent cela, « le silence de l’amour ». Quasiment rien si ce n’est l’aboutissement du parcours du narrateur de ce roman, qui découvre alors tous les bouleversements dans la vie créatrice et personnelle de John Lennon et au-delà, le maillage de sa propre vie, les interférences nippones, la présence de la femme aimée et lointaine. Et de la neige. Ce roman parle des fantômes qui peuplent nos vies, du Japon et de sa soyeuse étrangeté. De l’amour et des sentiments qui fondent sous la passion. De John Lennon et de sa résurrection. C’est aussi une enquête sur les lieux d’élection japonais d’un couple mythique. Il séduira non seulement les fans des Beatles, de musique mais aussi les amoureux de voyage lointain et de retraite spirituelle. C’est du Kawabata pop et rock’n roll.
- “L’embuscade” d’Emilie Guillaumin aux Editions Harper Collins, 304 pages.
Nuit d’août. Dans la chambre flotte le parfum de Cédric. Un mois et demi que ce soldat des forces spéciales est en mission. Un mois et demi que Clémence attend son retour avec leurs trois garçons.
Au petit matin, une délégation militaire sonne à la porte. L’adjudant Cédric Delmas est tombé dans une embuscade avec cinq de ses camarades.
Aux côtés d’autres femmes, épouses de soldats elles aussi, Clémence se retrouve malgré elle plongée dans la guerre secrète menée par la France au Levant. Avec ces questions lancinantes : que s’est-il réellement passé lors de l’attaque ? Et pourquoi l’armée garde-t-elle le mystère ? Je vous en parle bientôt.
- “Juste avant d’éteindre” d’Hélios Azoulay aux Editions du Rocher, 136 pages.
« Si quelqu’un m’a vu ici, il racontera peut-être un homme en train de courir après une pauvre feuille de papier que le vent s’amuse à exiler. Je les ramasse toutes. Je les déchire minutieusement, et j’en garde un petit fragment. Un lambeau étroit comme une île, où je peux écrire quelques mots.
Ce que je vois, ce que j’ai devant moi, ce que mes yeux attrapent, ce qu’il me reste entre les dents. Des petites phrases.
J’écris debout.
Il n’y a pas de détails, il n’y a que des preuves. J’en ai les poches pleines. »
Dans un roman à l’écriture fulgurante, Hélios Azoulay raconte le destin d’un musicien juif qui, dans l’impossibilité de composer, se réfugie dans l’écriture pour résister à l’horreur de la déportation. En mêlant la pudeur au burlesque, le délire au souvenir, l’effrayante réalité à une poésie qui refuse d’arrondir les angles, l’auteur tisse la vie d’un artiste trimballé par l’Histoire, mais qui ne renoncera jamais à rester un homme.
- “Le jour où les anges ont pleuré” de Mitchell Zuckoff aux Editions Flammarion, 512 pages.
Et vous, que faisiez-vous ce jour-là ? En France, il est 14h46 (8h 46m 25s heure locale), lorsque le Boeing 767 du vol 11 d’American Airlines percute la tour Nord du World Trade Center, ouvrant une gigantesque brèche et tuant sur le coup près de 300 personnes. Le premier attentat du 11 septembre 2001 venait de se produire, trois autres allaient suivre, plongeant la planète dans un état de sidération extrême. Dans une enquête au souffle haletant, Mitchell Zuckoff a reconstitué minutieusement cette journée dramatique. Vingt ans après, il fait entendre la voix des disparus, témoins et sauveteurs dans un livre bouleversant. Hommes et femmes ordinaires, ils sont devenus ces héros d’un jour qui puisèrent en eux une force irréductible dont ils n’avaient pas idée. De ce drame, qui fit basculer le monde dans le XXIe siècle, il reste désormais ces récits magnifiques qui forcent l’admiration et sont autant d’éloges de la vie plus forte que la mort.
- “Un corps tropical” de Philippe Marczewski aux Editions Inculte, 400 pages.
Dans une ville du nord, un homme se découvre un imaginaire exotique en plongeant dans la piscine à vagues artificielles d’un parc tropical.
Lorsqu’il accepte de livrer un colis à Madrid pour une cliente énigmatique, il poursuit une illusion de dépaysement dont il perd rapidement le contrôle ― mais l’a-t-il jamais eu ?
Un corps tropical est l’histoire d’un candide contemporain, lancé malgré lui dans le tourbillon du monde. Une épopée absurde, désopilante, et qui porte un regard décapant sur les mirages peuplant nos imaginaires.
- “Black Sunday” de Tola Rotimi Abraham aux Editions Autrement, traduction de Karine Laléchère, 336 pages.
Du jour au lendemain, les jumelles Bibike et Ariyike et leurs frères Peter et Andrew tombent dans la pauvreté. Abandonnés par leurs parents, ils se réfugient chez leur grand-mère à Lagos. C’est là que les jumelles découvrent la difficulté de survivre dans une société gangrenée par la corruption et les violences envers les femmes. Premier roman.
- “Bangkok Déluge” de Pitchaya Sudbanthad aux Editions Payot & Rivages, traduction de Bernard Turle, 432 pages.
Un médecin américain en mission au XIXe siècle, des étudiants de l’université de Thammsat confrontés aux répressions militaires de 1976, un photographe déraciné fuyant les fantômes du passé, des adolescents embarquant les touristes sur les eaux qui submergent les buildings…
Traversant les décennies jusqu’aux années 2070, au gré de destins chahutés tous intimement liés à cette cité envoûtante, Bangkok Déluge navigue entre les traumatismes de l’Histoire et l’anticipation d’un avenir proche où l’homme tente de repousser toutes les limites que la nature lui impose.
Dans une langue aussi fluide que les flots qui l’inondent, Pitchaya Sudbanthad offre une immersion dans une Bangkok en perpétuel mouvement, un portrait grandeur nature d’une ville tentaculaire tour à tour piège et refuge, et fait de son roman un magistral chant d’amour à tout ce qui résiste à l’oubli.
- “Ce qui gronde” de Marie Petitcuénot aux Editions Flammarion, 192 pages.
Depuis un moment, quelque chose gronde en elle. Ce n’est pas tant la fatigue ou la vie domestique qui aspire, c’est la sensation d’avoir oublié qui elle était, quand elle désirait tant vivre sa vie. Ce qui lui pèse ? Ce ne sont pas les enfants, eux n’y sont pour rien. C’est ce que la société exige tacitement des mères : que leur maternité soit leur finalité. Ce qu’elle voudrait ? Le dire à ses enfants et s’appartenir de nouveau.
Ce qui gronde est l’histoire d’une libération, écrite dans une langue d’une redoutable justesse, qui prend les allures d’un manifeste plaidant pour une autre façon d’être mère, lucide et libre. Si la liberté s’apprend, peut-elle se transmettre ?
- “Buenos Aires n’existe pas” de Benoît Coquil aux Editions Flammarion, 192 pages.
Il est l’Ulysse aux mille ruses de l’art moderne, le Français le plus connu de l’époque à New York avec Sarah Bernhardt. Mais pour l’heure, c’est juste un mince jeune homme au complet froissé qui sent le tabac froid. Nous sommes le 9 septembre 1918 et Marcel Duchamp, qui a fui les États-Unis, descend du Crofton Hall comme le parfait don nadie, Monsieur Tout-le-monde. Il cherche une Arcadie, un rivage un peu ouaté qui assourdisse le boucan de la guerre : ce sera Buenos Aires.
Mais ce que Duchamp ne sait pas à son arrivée, c’est que la ville parle mille langues, raffole des sciences occultes, ignore encore le cubisme et s’apprête à connaître la plus grande insurrection ouvrière de son histoire.
- “Les conversations” de Miranda Popkey aux Editions JC Lattès, 250 pages.
Roman presque exclusivement composé de conversations entre femmes – les histoires qu’elles se racontent entre elles, et celles qu’elles se racontent à elles-mêmes – Les conversations traverse vingt ans de la vie d’une jeune fille, femme, mère, avide d’expériences et déterminée à bouleverser son existence.
Au gré d’échanges sur la honte et l’amour, l’infidélité et l’auto-destruction, Miranda Popkey aborde le désir, le dégoût, la maternité, la solitude, l’art, la douleur, le féminisme, la colère, l’envie, et la culpabilité.
Audacieux, ironique et porté par une langue qui grésille d’intelligence et de sensualité, ce roman révèle une nouvelle auteure extrêmement talentueuse.
- “L’amour et la violence” de Diana Filippova aux Editions Flammarion, 352 pages.
Valentin a l’âge d’aller à l’école et n’a toujours pas de nom. Pas de nom, pas d’existence dans la Cité où sa mère et lui sont entrés par effraction avant que le régime de séparation relègue la multitude à son sort. Bien décidé à accomplir son ascension très haut, tout en haut, il est rattrapé par le passé de sa mère, les soubresauts de sa mémoire, les tremblements d’une société obsédée par l’ordre, la paix et la volupté. Par le réel et l’irréel. Par Arsène, surtout, que Valentin rencontre alors qu’il vient d’avoir vingt ans, et les garde-fous qui s’effondrent d’un seul coup. Jusqu’à la fin, on le suit dans une lutte féroce avec l’amour, la révolte, la vérité, ou plutôt avec les formes qu’ils ont prises dans une société qui en étouffe jusqu’au désir.
- “Mississippi driver” de Lee Durkee aux Editions Flammarion, traduction de Nicolas Richard, 304 pages.
Ancien prof d’anglais qui a échoué à transmettre son amour de Shakespeare, Lou Bishoff est devenu chauffeur de taxi à Gentry, dans le Mississippi. C’est ainsi qu’il a dû se résoudre à gagner sa vie, en écoutant celle des passagers qui se succèdent dans sa vieille Lincoln. Retraités bringuebalés de motels en caravanes, junkies accros aux opioïdes, ex-taulards en goguette, racistes de tout poil… Tout vaut mieux que les bandes d’étudiants fêtards qui n’aiment rien tant que vomir sur sa banquette arrière.
S’inspirant de ses années passées au volant d’un taxi, Lee Durkee nous embarque au fil de cette folle journée aux côtés de Lou dans une véritable odyssée au cœur de l’Amérique profonde. Un voyage au cours duquel la réalité pourrait bien dépasser la fiction.
- “Rien que le soleil” de Lou Kanche aux Editions Grasset, 216 pages.
C’est l’hiver. Jeune enseignante mutée à Garges-lès-Gonesse, Norah Baume s’ennuie. Bien sûr, il y a Paul, le chat, le vin, Venise, la peinture et les songes, mais ça n’est pas assez. Alors, au fond de la classe, une perspective : Sofiane, première technologique. Survêtement, beau visage, insolence. Un lien se tisse. Jusqu’au jour où, hantée par le désir de transgression, Norah prend la fuite. C’est le printemps. Sur les quais du Vieux-Port de Marseille, elle croise Freddy, figure de son enfance, et découvre avec lui un univers interlope, des deals, des squats, une jeunesse masculine qui clope sur les plages. Le soleil brûle déjà. C’est bientôt l’été. Norah est seule, elle rêve : sur le pont du ferry pour Alger, la mer s’ouvre, la ville blanche apparaît, ultime ailleurs…
- “Passage de l’Union” de Christophe Jamin aux Editions Grasset, 140 pages.
L’ouvrage met principalement en scène trois personnages dont les vies vont être amenées à se croiser : le narrateur, un écrivain, un criminel.
Étudiant durant les années 1980, le narrateur vit dans un studio, que lui a acheté son père, situé passage de l’Union dans le VIIe arrondissement de Paris. Un soir, il se sent observé par quelqu’un dont on comprendra qu’il s’agit de Patrick Modiano. Il le croise à plusieurs reprises, lui parle et commence à lire ses livres. Sans se l’expliquer, il se reconnaît dans son imaginaire romanesque. Néanmoins les années passent, le narrateur devient avocat et les deux hommes se perdent de vue.
Au cours d’un procès d’assises, le narrateur défend un homme dont le crime s’explique par un lointain passé : une sœur ayant disparu durant la Seconde Guerre mondiale dans les mêmes circonstances que la Dora Bruder de Modiano. Il se trouve que l’écrivain assiste au procès et accepte d’aider le narrateur à retrouver la trace de cette mystérieuse sœur…
Cette quête commune amène les deux hommes à basculer dans le Paris les années 40. Ils sont reçus par des individus douteux dans un appartement situé près du studio du passage de l’Union, dont l’écrivain apprend au narrateur qu’il fut, durant la guerre, le siège des sombres trafics d’un ferrailleur de sinistre mémoire, le fameux « Monsieur Joseph »…
- “Convoyeurs de la mort” d’Etty Mansour aux Editions des Equateurs, nombre de pages non communiqué.
Ce livre est le fruit de plus de quatre ans d’enquête, d’une cinquantaine d’entretiens menés entre Bruxelles et Paris et d’une quête personnelle.
Dans ce “roman vérité” selon l’expression de Truman Capote, Etty Mansour a exploré la dimension psychologique de Salah Abdeslam, seul survivant parmi les terroristes du 13 novembre 2015 à Paris, en s’entretenant avec ses proches, notamment sa fiancée, son avocat belge, une sociologue molenbeekoise et une psychanalyste qui exerce en prison auprès de détenus pour terrorisme islamiste.
Au-delà de l’itinéraire biographique de Salah Abdeslam, elle a cherché des clés de compréhension sociale, historique, idéologique et religieuse en se rapprochant d’éducateurs sociaux, d’un historien, d’un juge et d’une policière de l’antiterrorisme, d’un imam et d’un rabbin.
“Oublier les fleurs sauvages” de Céline Bentz aux Editions Préludes.
Dans la famille Haddad, on sait qu’il faut beaucoup de courage et de détermination pour échapper à un destin que l’on n’a pas choisi. C’est ainsi que les parents ont élevé leurs sept enfants ; mais des quatre filles, c’est sur l’espiègle et intelligente Amal que leurs espoirs reposent : elle ira faire ses études en France, horizon lointain qui la fait rêver depuis toujours. Jusqu’au jour où la jeune fille croise la route du beau Youssef aux yeux vairons, un homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer…
Des rues d’un pays coloré et instable aux pavillons de la banlieue de Nancy, de la chaleur du Liban aux hivers froids de l’Est de la France, après bien des obstacles, entre extase et violence, Amal connaîtra le goût amer de l’exil mais aussi celui, infini, de la liberté.
- “Les soeurs de Montmorts” de Jérôme Loubry aux Éditions Calmann-Lévy, 414 pages.
Novembre 2021. Julien Perrault vient d’être nommé chef de la police de Montmorts, village isolé desservi par une unique route. Alors qu’il s’imaginait atterrir au bout du monde, il découvre un endroit cossu, aux rues d’une propreté immaculée, et équipé d’un système de surveillance dernier cri.
Mais quelque chose détonne dans cette atmosphère trop calme.
Est-ce la silhouette menaçante de la montagne des Morts qui surplombe le village ? Les voix et les superstitions qui hantent les habitants ? Les décès violents qui jalonnent l’histoire des lieux ?
- “Double Nelson” de Philippe Dijan aux Editions Flammarion, 240 pages.
Un « double Nelson », c’est une prise de soumission qui consiste, dans un match de catch, à faire abandonner l’adversaire. Mais on peut aussi s’en servir dans une relation amoureuse.
Tout commence par une séparation. Luc et Edith ont vécu quelques mois d’un amour intense, jusqu’à ce que le métier de cette dernière – elle fait partie des forces spéciales d’intervention de l’armée – envahisse leur quotidien au point de le défaire. Sauf que quand, réchappée d’une mission qui a mal tourné, Edith le prie de la cacher chez lui le temps de tromper l’ennemi à ses trousses, c’est la vie de Luc qui bascule et son roman en cours d’écriture qui en prend un coup.
Ces deux-là qui peinaient à vivre ensemble vont devoir réapprendre à s’apprivoiser, alors qu’autour d’eux la menace d’une riposte de mercenaires se fait de plus en plus pesante. Il faudra bien que certains se soumettent…
- “S’adapter” de Claire Dupont-Monod aux Editions Stock, 200 pages.
C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un présent hors de la mémoire.
- “Artifices” de Claire Berest aux Editions Stock, 308 pages.
Abel Bac, flic solitaire et bourru, évolue dans une atmosphère étrange depuis qu’il a été suspendu. Son identité déjà incertaine semble se dissoudre entre cauchemars et déambulations nocturnes dans Paris. Reclus dans son appartement, il n’a plus qu’une préoccupation : sa collection d’orchidées, dont il prend soin chaque jour. C’est cette errance que vient interrompre Elsa, sa voisine, lorsqu’elle atterrit ivre morte un soir devant sa porte.
C’est cette bulle que vient percer Camille Pierrat, sa collègue, inquiète de son absence inexpliquée. C’est son fragile équilibre que viennent mettre en péril des événements étranges qui se produisent dans les musées parisiens et qui semblent tous avoir un lien avec Abel. Pourquoi Abel a-t-il été mis à pied ? Qui a fait rentrer par effraction un cheval à Beaubourg ? Qui dépose des exemplaires du Parisien où figure ce même cheval sur le palier d’Abel ? A quel passé tragique ces étranges coïncidences le renvoient-elles ? Cette série de perturbations va le mener inexorablement vers Mila.
Artiste internationale mystérieuse et anonyme qui enflamme les foules et le milieu de l’art contemporain à coups de performances choc. Pris dans l’oeil du cyclone, le policier déchu mène l’enquête à tâtons, aidé, qu’il le veuille ou non de Camille et d’Elsa.
- “Bellissima” de Simonetta Greggio aux Editions Stock, 288 pages.
Qu’est-ce qui m’a poussée, jeune fille, à abandonner mes proches, ma maison, ma langue maternelle ?
Pourquoi ai-je laissé derrière moi mes amis, mes petits frères, ma mère, mon pays ?
Qu’est-ce qui fait qu’un homme tendre comme mon père est devenu un monstre, à un moment donné ?
Quel est ce mal qui m’a rongée jusqu’à presque en
crever ?
Cela s’appelle Italie : ma douleur, mon amour, ma patrie.
Un pays qui n’a pas fait les comptes avec le fascisme dont il fut l’inventeur.
Un pays comme une famille, plein de secrets – bruyants, destructeurs, meurtriers. »
- “S’il n’en reste qu’une” de Patrice Franceschi aux Editions Grasset, 240 pages.
Quelque part dans l’ancienne Mésopotamie, deux femmes poursuivent leur rêve de liberté – quel que soit le prix à payer. C’est le combat de toujours pour le droit de vivre, d’aimer, de partager, dans un monde tragique et sombre, où les hommes se forgent dans la violence et la haine. Elles s’appellent Tékochine et Gulistan et combattent dans un bataillon féminin kurde. Indissolublement liées par la guerre, ces deux sœurs d’armes poursuivent leurs chimères. Rien ne les sépare jusqu’à ce qu’un jour d’automne, dans les décombres d’une ville assiégée, elles choisissent une mort si inconcevable qu’elle frappe les esprits pour toujours.
Leur histoire, devenue légendaire, nous est racontée par une étrangère venue d’Occident, qui découvre la lumière dans un paysage. Sa quête sur les traces de ces deux héroïnes l’entraîne si loin qu’elle s’achève en métamorphose…elque part dans l’ancienne Mésopotamie, deux femmes poursuivent leur rêve de liberté – quel que soit le prix à payer. C’est le combat de toujours pour le droit de vivre, d’aimer, de partager, dans un monde tragique et sombre, où les hommes se forgent dans la violence et la haine. Elles s’appellent Tékochine et Gulistan et combattent dans un bataillon féminin kurde. Indissolublement liées par la guerre, ces deux sœurs d’armes poursuivent leurs chimères. Rien ne les sépare jusqu’à ce qu’un jour d’automne, dans les décombres d’une ville assiégée, elles choisissent une mort si inconcevable qu’elle frappe les esprits pour toujours.
Leur histoire, devenue légendaire, nous est racontée par une étrangère venue d’Occident, qui découvre la lumière dans un paysage. Sa quête sur les traces de ces deux héroïnes l’entraîne si loin qu’elle s’achève en métamorphose…
- “Olive, enfin” d’Elizabeth Strout aux Editions Fayard, traduction de Pierre Brévignon, 368 pages.
Professeure de math bien connue des habitants de la petite ville côtière de Crosby, dans le Maine, pour son caractère buté et revêche, Olive, aujourd’hui veuve et retraitée, entame une période de sa vie qui lui réserve son lot de bouleversements.
Mère, belle-mère et grand-mère pataude et hors du commun, elle qui suscite d’ordinaire tous les étonnements est la première surprise de trouver un nouveau mari en la personne de l’élégant Jack Kennison. Au fil des années, elle croise sur son chemin nombre de connaissances, amis, voisins ou anciens élèves : une jeune femme sur le point d’accoucher au moment le plus incongru, une autre qui vit recroquevillée depuis qu’elle est atteinte d’un cancer, ou encore une fille confrontée à l’effroi de ses parents lorsqu’elle leur révèle exercer la profession de maîtresse SM. Olive, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a une influence décisive sur ceux qu’elle côtoie. Et tire de ces rencontres – car il n’est jamais trop tard – de formidables leçons de vie.
Une fois encore, Elizabeth Strout met brillamment à nu la vie des gens ordinaires et livre un roman superbe, tendre, mélancolique et plein d’humour sur la famille, le couple, l’amour, la vieillesse et la solitude, en déroulant le fil de l’histoire de son irrésistible Olive à l’automne de sa vie.
- “La force décuplée des perdants” de Nicolas Maleski aux Editions Haper Collins, 256 pages.
Bienvenue à Carsonville : ses brasseries, ses montagnes, son lac, son tournoi de tennis annuel. Dans cet écrin que personne n’imaginerait quitter, les ambitieux font la course à la réussite et aux faux-semblants.
Jeff Cannon n’est pas de cette écurie gagnante. Ancienne gloire du hockey reconvertie en plombier dilettante, il semble s’intéresser plus à la vie de ses copains qu’à la sienne. Pour oublier la femme qu’il aime, il dessine, de son balcon, le tableau parfait de sa ville, jusqu’au plus infime détail. Nuisible parmi les prédateurs, et bientôt remercié par ses patrons, Jeff compte les trains qu’il n’a pas osé prendre. Mais il se pourrait que cet animal sans pedigree, qui s’est toujours défié des voies rectilignes, se décide à trouver un second souffle.
Dans la lignée de Sous le compost et de La Science de l’esquive, Nicolas Maleski restitue le monde et ses contemporains, sous l’œil, tantôt caustique, tantôt tendre, de son héros à contre-emploi, qui n’aspire qu’à desserrer le collier de sa laisse. Étonnante comédie humaine ancrée dans un paysage à mi-chemin entre le Grand Ouest américain et la douceur helvète. C’est noir, drôle et impeccablement lucide.
- “Delta Blues” de Julien Delmaire aux Editions Grasset, 496 pages.
Printemps 1932, dans le delta du Mississippi. Une chaleur suffocante écrase la campagne et menace les récoltes. Un assassin sans visage frappe la nuit, et une injustice sans nom règne le jour. Des croix brûlent sous la lune, les cavaliers fantômes du Ku Klux Klan font régner la terreur et le Mississippi prend les couleurs de l’enfer. Au milieu du désastre, deux amants : Betty et Steve. Ils sont jeunes, Noirs et pauvres, mais persuadés que leur amour les sauvera…
Vaste fresque historique et musicale, aux accents faulknériens, Delta Blues déploie une galerie de personnages : Noirs, Blancs, Indiens et métis, planteurs et bluesmen errants, prêcheurs, sorcières, politiciens véreux, bagnards, trafiquants d’alcool et Legba, le dieu vaudou, « Maître des carrefours » qui, tel un détective d’outre-monde, veille sur le destin de chacun.
Au fil des pages, un monde renaît : le Delta, la terre où naquit le blues, où des femmes et des hommes opprimés trouvèrent les voix qui firent écho à leur humanité.
- “La maison des solitudes” de Constance Rivière aux Editions Stock, 234 pages.
Une jeune femme veut rejoindre sa grand-mère qui vit ses dernières heures à l’hôpital, mais elle en est empêchée. Pour lutter contre cette inhumanité envahissante, elle remonte le fil de la vie. Les souvenirs peuplent sa solitude : la Maison familiale, la lumière chaude de l’enfance, les livres de contes, le marronnier aux branches basses comme des caresses… Et les étreintes de sa grand-mère, qui rayonne de vie.
Pourtant une ombre recouvre le tableau. Sa mère refuse de franchir le seuil de la Maison, le mutisme ne quitte pas un instant cette femme lunaire. « Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n’est pas là… »
Cette rengaine familière, il n’est plus temps de la fredonner lorsque, les années ayant passé, la mort frôle. Les heures, les minutes de vie sont comptées, la jeune femme ressent l’urgence de comprendre. Que s’est-il passé dans la Maison ?
- “Le garçon de mon père” d’Emmanuelle Lambert aux Editions Stock, 180 pages.
Le récit s’ouvre un dimanche de septembre 2019, un dimanche où le père « concret et nébuleux à la fois » d’Emmanuelle Lambert, se prépare à mourir d’un cancer de l’ampoule, un organe situé à la tête du pancréas.
Et pourtant, ce livre est un livre de vie. C’est que, par une douce ironie des mots, il est à l’image de ce personnage de père à la « chaleur explosive » : « rétif à toute forme de rêverie fatiguée, car dans la fatigue se glisse un effritement possible, une voie pour la douleur et le doute ». Le duo du livre-tombeau et du père illumine tout sur son passage. Il n’y a pas de gris ici, mais les couleurs éclatantes du souvenir, du mange-disques seventies aux yeux de Dalida.