Littérature blanche
“Le croquant de la nougatine” de Laure Manel aux Editions Michel Lafon, 364 p.
Dans un bus, Romain rencontre Alba, déesse romaine. Il est chef dans un restaurant et père de deux enfants, elle, doubleuse de films et de publicités. Transporté par la chevelure rousse et les yeux noisette de cette inconnue, il ne résiste pas à l’irrépressible et tout à fait irraisonnable envie de la revoir. Une véritable tempête automnale se joue dans son cœur. A-t-il le droit de sortir du puits du malheur dans lequel il végète depuis que Florence, sa femme, n’est plus là ? Peut-il sentir lui aussi la lumière inonder sa peau ? Alba, blessée par ses histoires déçues, peut-elle céder à son élan ? Derrière les silences, un lourd secret tapi pourrait bien contrarier l’amour passionnel qui se joue.
“La geôle des innocents” d’Ensaf Haidar aux Editions de L’Archipel, 200 p., traduction de François Zabbal.
Entre les murs d’une prison de haute sécurité en Arabie saoudite.
Rachwan et Ram sont deux travailleurs étrangers, venus en Arabie Saoudite pour y faire fortune. Ils apprennent vite, à leurs dépens, ce qu’il en coûte d’enfreindre les règles sociales et religieuses du royaume. Épris de Siham, une belle Yéménite, Rachwan se retrouve dans la terrible prison de Briman, à Djeddah, après avoir été condamné pour liaison illégitime.
Ram a connu Siham naguère. Après s’être enfui de la distillerie d’arak clandestine qui l’employait, lui aussi finira à Briman. Contrairement à Rachwan, Siham a côtoyé les milieux opulents de Djeddah. Tous deux, pourtant,vont faire l’apprentissage de la détention dans toute sa rigueur.
Un univers régi par la violence et le sexe, qui a ses propres régles. Mais où, de façon inattendue, s’ouvre un espace de liberté et d’exploration de soi, qui peut parfois être source d’enseignements et promesse de rédemption.
“Les abusés” d’Anne Parillaud aux Editions Robert Laffont, 374 p.
« C’est une petite avec des habits de grande. Une enfant à qui on ne demande pas son avis et qui obéit par peur d’être sanctionnée ou mal-aimée.
Sous les regards violés de tendresse, elle est devenue cette chose que l’on prend. Une fleur en pot, un corps inanimé, désincarné, mort presque. Un corps que seule l’ivresse amoureuse peut raviver. De quoi est faite cette espèce d’amour qui l’obsède ? Quel est l’empire qui s’exerce sur sa personne, la soulève vers des êtres indignes qui abuseront d’elle ?
Ne pas savoir qui vous aime de qui vous hait, monter dans les chambres, s’oublier dans des bras, espérer que l’autre vous donne ce que vous cherchiez sans savoir ce que c’est. S’abandonner parce que vous avez été abandonné. Se soumettre à ceux qui vous effraient, et continuer à se faire maltraiter. »
2. Littérature noire
“Skiatook Lake” d’Hervé Jubert et Benoit Séverac aux Editions du Passage, 272 p.
Hominy, Oklahoma, l’Indienne osage Christine Longwalk est retrouvée morte dans une voiture sans conducteur après le passage d’une tornade. Accident ? Enlèvement lié à ses relations avec le Conseil minier ? Jack Marmont, chef-enquêteur de la police tribale, hérite de l’affaire dans un contexte explosif : le gisement de pétrole qui dort sous les pieds des Indiens attise les convoitises, et le projet de parc éolien échauffe les esprits des jeunes activistes de la tribu qui voient là l’occasion de se révolter contre l’hégémonie blanche. À la recherche de la vérité, Marmont va évoluer en terrain miné et enquêter seul contre tous.
“La forêt des disparus” d’Olivier Bal chez XO Editions, 440 p.
” Dans cette forêt, tu peux toujours y entrer, mais tu n’en sortiras jamais… “
Des murs d’arbres géants, séquoias millénaires qui se referment comme un piège. Des randonneurs qui disparaissent sans laisser de traces. Il ne fait pas bon traîner dans les bois de Redwoods, au bord du Pacifique, dans l’Oregon.
Au cœur de cette forêt maudite, un homme vit isolé de tous. Ici, on l’appelle l’Étranger. En réalité, son nom est Paul Green, un ancien journaliste qui a connu son heure de gloire avec l’affaire Clara Miller.
Un soir, une jeune adolescente, Charlie, vient frapper à sa porte. Elle est blessée, paniquée. Pour elle, Paul est le seul à pouvoir l’aider. Car là-bas, au milieu des arbres, Charlie a connu l’horreur…
3. Documents, essais & témoignages
“Manuel du parfait dictateur” de Christian-Georges Schwentzel aux Editions Vendémiaire, 264 p.
Qui pourrait imaginer que Recep Tayyip Erdoğan, Viktor Orbán, Narendra Modi, Xi Jinping, Vladimir Poutine ou encore Jair Bolsonaro ont eu, sans le savoir, un seul et même maître à penser ?
Jules César nous apprend en effet, depuis la lointaine histoire de Rome, à travers le fabuleux destin d’un apprenti dictateur engrangeant tous les succès, comment on peut pervertir des institutions républicaines au point de faire accepter sans violence un pouvoir absolu.
C’est tout simple : il suffit de se faire habilement le champion du « peuple » en prétendant restaurer sa grandeur et sa dignité ; de dénoncer la démocratie dynastique et d’annoncer des temps nouveaux tout en obtenant le ralliement d’une partie de l’ancienne élite ; de manier l’art de la parole, d’avoir toujours le dernier mot et le sens de la formule ; de raconter de belles histoires, particulièrement celles de l’outsider et de l’homme providentiel ; de déclarer la guerre à un ennemi judicieusement choisi, sans omettre de le réduire au statut de « barbare » et de mettre en scène ses propres triomphes ; de séduire sans être séduit ; de contourner le droit pour mieux régner en maître… D’obtenir enfin une soumission volontaire, parce qu’on paraîtra le seul rempart contre un avenir terriblement incertain.
“L’odyssée d’un transport torpillé” de Maurice Larrouy aux Editions Perrin, 350 p.
L’Odyssée d’un transport torpillé se présente comme un ensemble de lettres écrites entre août 1914 et janvier 1917 par le second du cargo Pamir à son meilleur ami, mobilisé comme canonnier sur un cuirassé de la marine. Au fil des missives, nous suivons les déplacements permanents du navire dans les mutations les plus variées : charbonner la flotte en Adriatique, apporter du matériel en Russie alliée, transporter des troupes coloniales anglaises ou rapatrier des troupes coloniales françaises, participer à l’expulsion des ressortissants allemands du Maroc, aller chercher du fer aux États-Unis…
Les mois passant, la mer devient de plus en plus dangereuse, jusqu’à la décision du Kaiser de février 1917 de mener la guerre sous-marine à outrance. Le ton direct et sans langue de bois des lettres montre aussi l’exaspération croissante des équipages marchands et leur sentiment d’être abandonnés à leur destin, sans armement, confrontés à une permanente minimisation de la menace sous-marine par l’état-major de la marine. La mer est pourtant devenue un champ de bataille tout aussi meurtrier que celui de Verdun ou de la Somme, mais dont personne n’en parle alors que tout le ravitaillement passe par la voie maritime.
Le grand récit d’une guerre oubliée, couronné par le prix Femina 1917.
“Je ne suis pas encore morte” de Lacy M. Johnson aux Editions Sonatine, 208 p., traduction d’Héloïse Esquié.
Comment décrire l’inconcevable ? Kidnappée, violée et menacée de mort, Lacy M. Johnson nous raconte comment elle a échappé à son bourreau. Qui n’est autre que son ex-compagnon, un homme violent et manipulateur, dont l’emprise, comme un étau, s’est peu à peu refermée sur sa vie. Témoignage porté par une poésie brute et une énergie hors du commun, récit d’une reconstruction impossible : ce livre est un chef-d’oeuvre nécessaire et brûlant d’actualité.