> Quatrième de couverture <
Fin des années 1970, Argentine.
Il y a des portes qui doivent rester fermées
Un jeune attaché à l’Institut français prend en stop un homme blessé dont il reçoit les confessions. Jorge Neuman, écrivain très populaire dans son pays alors sous la coupe d’une junte militaire, vient de vivre une tragédie. Sa fille, puis sa femme ont été enlevées par les hommes de Rafael Vidal, l’un des chefs de la police secrète.
Les années ont passé, Jorge Neuman a disparu à son tour, emporté par la mécanique sans faille de la dictature. Le jeune Français n’est plus si jeune, il est rentré à Paris.
Après avoir publié une biographie de Neuman, il décide de retrouver les traces du sinistre Vidal et de reconstruire la vie de l’écrivain disparu.
Confronté à des questions sans réponses, il comprend bientôt qu’enquêter dans le passé d’un homme, c’est forcer des portes qui méritaient de rester closes.
> Spécificités < - Editions : Hervé Chopin Editions - Date de parution : 22/10/2020 - Nombre de pages : 287
Je me rends compte au fil de mes lectures que j’aime beaucoup celles qui allient fiction et faits réels. Découvrir des lieux ou des moments historiques par les livres permet d’étendre bien entendu ses connaissances générales l’air de rien, mais surtout de s’ouvrir au monde et surtout, de ne pas oublier.
C’est sur des événements authentiques qui se sont déroulés fin des années 70 – début des années 80 en Argentine que l’auteur Michel Moatti, installe les prémices de son nouveau roman noir. Évidemment, j’avais déjà entendu parler de cette dictature de la terreur en Argentine. Elle a occasionné de très nombreux morts et aussi disparus mais cela m’a surtout permis d’engendrer un intérêt certain pour cette période et de vouloir ne pas en rester là. Si vous avez d’ailleurs quelques conseils de livres ou documents intéressants sur ladite période, n’hésitez pas à m’en faire part.
Tout commence par une rencontre inopinée, entre Mathieu Ermine, jeune français attaché culturel en Argentine, qui prend en stop Jorge Neuman, sur une route près de Buenos Aires fin 1979. En sang et complètement hagard, Jorge Neuman est sauvé par ce jeune français, idéaliste qui ne connaît que de façade le pays dans lequel il se trouve. Vient alors le récit de Jorge Neuman, professeur et auteur ayant été enlevé, battu et torturé comme son épouse par la junte militaire au pouvoir. Petit à petit, Neuman va dévoiler certains des secrets les plus noirs de son pays. Mais qui est finalement vraiment Jorge Neuman? Qu’est-il devenu? Mathieu Ermine va se retrouver, malgré lui, avec le besoin d’en savoir plus sur ce disparu.
Même si on se sait dans un roman de fiction, Michel Moatti a le talent admirable de nous offrir un livre qui pourrait être en tout point une biographie crédible d’un opposant argentin. A maintes reprises, j’ai eu l’impression de lire un document politique sur de vraies personnes, tant le travail de recherche que la justesse de la plume de l’auteur en font un très solide roman noir.
L’auteur s’est inspiré de faits ainsi que de personnages réels, dont il nous dévoile une partie en épilogue, et qui m’ont littéralement fortement fascinée. Même plusieurs jours après avoir refermé ce livre, il reste encore hanter mon esprit. Ce n’est pas un livre que l’on oublie facilement. Bien du contraire, c’est un véritable réveil de conscience pour nous mais aussi pour les générations futures.
C’est à la fois vif, émouvant, réaliste, faisant réfléchir sur la barbarie et le côté sombre d’individus au cours de l’histoire. Mais aussi sur la détresse de tout un peuple abandonné, sur les coupables qui se firent oublier pour échapper aux poursuites pénales, sur ces milliers de disparus dont les familles n’ont jamais pu faire leur deuil.
Originalité dans le corpus de ce bouquin, c’est d’avoir des typographies différentes selon que l’on se trouve face à un témoignage ou face à des écrits de Jorge Neuman. Cela a été intelligemment pensé et cela facilite fortement la lecture. Jusqu’à la dernière page, j’ai été scotchée et fascinée par les personnages.
Comme vous l’aurez compris, c’est un gros coup de coeur de ce mois de février car ce livre m’a vraiment pris aux tripes !!! Je vous conseille très vivement cette lecture qui allie aussi bien le romanesque à l’Histoire sombre de l’Amérique du Sud. Il marquera très fort mon année littéraire.
Je remercie Agnès Chalnot et les éditions Hervé Chopin pour leur confiance.
« Mourir, c’est laisser des regrets et des pleurs qui finiront par se tarir. Disparaître, hélas, c’est poser des questions auxquelles il n’y aura jamais de réponse ».