“Les espions de la terreur” de Matthieu Suc, aux éditions Harper Collins, 404 pages.
Une enquête captivante au coeur des services secrets de Daech Des tortionnaires encagoulés de noir pour effrayer les foules en Syrie ; les mêmes habillés en civil, barbe rasée, postiche sur la tête et cigarette aux lèvres pour ne pas attirer l’attention en Europe : l’État islamique s’est doté d’un « bureau des légendes » djihadiste. Faux attentats pour masquer les vrais, tentatives d’infiltration de la fonction publique : pour la première fois, une enquête révèle le fonctionnement de ces services spéciaux qui depuis Raqqa pilotaient les attentats du 13-Novembre, leurs techniques, leurs ressources, ainsi que le parcours du Français qui en fut la tête pensante.
Un travail d’investigation colossal, qui s’appuie sur plus de 77 000 procès-verbaux de police et de justice, des centaines de notes des services secrets et sur une quarantaine d’entretiens conduits auprès de magistrats, d’officiers de renseignement, de victimes du terrorisme, de djihadistes et de leurs familles.
Matthieu Suc est journaliste pour Mediapart et l’auteur de quatre livres, dont Femmes de djihadistes (Fayard, 2016). Autrefois spécialisé dans le grand banditisme, il consacre aujourd’hui l’essentiel de son travail aux affaires liées au terrorisme.
Énorme travail d’investigation que Matthieu Suc a réuni en vue d’écrire ce document. On y découvre la vie que les djihadistes avaient décidé de poursuivre à des milliers de km de chez eux sous la bannière de l’Etat Islamique. On ne peut qu’être stupéfait par l’organisation mise en place grâce à d’anciens membres de régimes militaires nationaux.
Un « bureau des légendes » a été mis en place (= l’Amniyat). En plus de celui-ci, on y apprend les dynamiques au sein de l’Etat Islamique comme les recrutements, financements, entraînements,… Ce document peut – hélas – se lire comme un roman d’espionnage mais ce qui fait peur là dedans, c’est de se dire que la fiction a finalement rejoint la réalité.
Il faut saluer le travail de recherches, les entretiens et lectures multiples que l’auteur a dû faire en vue de rassembler ces quelques 404 pages. Car en plus du travail colossal que cela représente, le journaliste Matthieu Suc n’a pas cherché à faire dans le sensationnel mais bien dans la documentation, en collectant de nombreuses informations auprès de sources de qualité.
Moi aussi je serais contente de le lire !