> Quatrième de couverture <
Un matin d’octobre, sans un mot, Sam est partie. Depuis, le père de Tobias, cinq ans, dérive. Jusqu’au jour où il se décide à lâcher sa bouteille de whisky pour embarquer son fils à bord de sa vieille Honda. Destination : « Slutten av verden », le bout du monde en norvégien. Là où Sam s’en est allée.
Pour atteindre cet ailleurs si lointain, il leur faudra franchir les steppes lapones et les rivières glacées, affronter des ours, des élans et une pluie de poissons morts.
Brute et incandescente, l’écriture de Christophe Ghislain fait résonner la poésie et la puissance vertigineuse des espaces sauvages autant que la violence d’un amour perdu. Cet hymne à l’errance et à la littérature est un voyage au bout de soi. Et l’esquisse extravagante et virtuose d’un territoire littéraire au-delà du connu.
> Spécificités < - Editions : Albin Michel - Nombre de pages : 391 - Date de parution : 30/01/2019
Depuis que je fais partie du jury du Grand Prix des Lectrices du magazine Elle, je me rends compte que les lectures sur des road-trip s’enchaînent. En effet, après « Sugar Run » de Mesha Maren (chez Gallmeister) ou encore « Lake Success » de Gary Shteyngart (aux Editions de l’Olivier), dont vous pouvez retrouver mes chroniques sur mon blog, voici encore un bouquin à ce sujet. Pourtant, étonnement ou peut-être pas, vu mon caractère de voyageuse dans l’âme, je ne m’en lasse pas. Bien du contraire.
Jerry est parti habiter en Norvège avec sa compagne Sam et leur fils Tobias. Un jour, Sam part et laisse derrière elle ses deux hommes, sans véritables explications. Après un passage à vide de plusieurs mois, Jerry décide de se reprendre en main et de redonner une maman à leur fils en tentant de la retrouver. Ils prennent donc la route où des rencontres avec des personnages hauts en couleurs vont jalonner leurs kilomètres dans des terres encore sauvages.
J’ai beaucoup aimé découvrir par d’infimes détails des bouts de vie du couple de Sam et Jerry. Tout n’arrive pas abruptement mais subtilement et on commence alors par comprendre les personnalités de chacun. La construction des personnages est soignée et fait qu’il difficile de ne pas s’y attacher (que ce soit Jerry ou Tobias, mais aussi Walt Withman, cet être farfelu mais pas seulement). J’ai trouvé que c’était un livre qui avait beaucoup de style, ce dernier étant très « élégant ». Par cette expression, je dirais que la plume de Christophe Ghislain ne s’embarrasse pas de fioritures inutiles et nous offre toute une atmosphère dans laquelle le lecteur ne peut que plonger mais sans s’y noyer. Des nombreuses références littéraires émaillent aussi les pages.
Histoire d’amour en quelque sorte, c’est aussi un voyage au-delà de soi que Jerry entreprend avec son jeune fils de 5 ans, déjà « mature » pour son âge où les paysages de Norvège occupent une part importante du récit. J’ai aimé la sensibilité de cette histoire qui, en fin de compte, semble si vraie qu’on se demande si l’auteur ne l’a pas lui-même vécue. J’ai parcouru cet itinéraire avec Tobias et Jerry en quête de Sam, comme eux et même si le livre fait près de 400 pages, ce voyage a été très agréable, me rendant nostalgique de les quitter au bout du chemin, de la dernière page…
Lu dans la cadre du Prix des Lecteurs des librairies Club.