> Quatrième de couverture <
La dame n’a pas encore perdu le son de la liberté. Quand elle rit, on entend le vent dans les arbres et l’eau qui éclabousse le trottoir. On se souvient de la douce caresse de la pluie sur le visage et du rire qui éclate en plein air, de toutes ces choses que dans ce donjon, nous ne pouvons jamais ressentir.
Dans le couloir de la mort, enfoui dans les entrailles de la prison, le temps passe lentement. Coupés du monde, privés de lumière, de chaleur, de contact humain, les condamnés attendent que vienne leur heure.
Le narrateur y croupit depuis longtemps. Il ne parle pas, n’a jamais parlé, mais il observe ce monde « enchanté » et toutes les âmes qui le peuplent : le prêtre déchu qui porte sa croix en s’occupant des prisonniers, le garçon aux cheveux blancs, seul, une proie facile. Et surtout la dame, qui arrive comme un rayon de soleil, investie d’une mission : sauver l’un d’entre eux. Fouiller les dossiers, retrouver un détail négligé, renverser un jugement. À travers elle naissent une bribe d’espoir, un souffle d’humanité. Mais celui à qui elle pourrait redonner la vie n’en veut pas. Il a choisi de mourir. La rédemption peut-elle exister dans ce lieu où règnent violence et haine ? L’amour, la beauté éclore au milieu des débris ?
– Spécificités – * Editions : Fleuve Editions * Paru le 21/08/2014 * Nombre de pages : 207
Tout d’abord, je souhaitais vous informer que ce livre avait reçu le « Prix du Premier Roman Etranger 2014 » et j’ai trouvé que c’était amplement mérité. René Denfeld, l’auteure, est journaliste mais également enquêtrice spécialisée dans les peines de mort et a mis son expérience professionnelle à profit pour écrire cette histoire.
L’auteure a su rendre « poétique » ces lieuxsi froids, si menaçants et si impitoyables que sont les couloirs de la mort où attendent des dizaines de détenus, qui restent avant tout de redoutables meurtriers, avant leur exécution.
Alors qu’en Belgique, nous en avons définitivement (?) fini avec la peine de mort, les Etats-Unis restent un exemple criant.
Dans ce roman, on y découvre un univers à part entière via un narrateur qui ne parle pas (dont le mystère reste entier) mais qui côtoiedes âmes si particulières : un prêtre semblant avoir perdu la foi, un directeur tentant d’apporter un peu d’humanité avec le peu de moyens dont il dispose, des prisonniers plus cruels les uns des autres et cette dame qui, pour beaucoup, reste le dernier espoir dans ce sombre univers. Alors qu’un nouveau dossier lui revient, celui de York dont la date de l’exécution approche à grand pas, le principal intéressé a décidé – lui – d’accepter sa mort prochaine. Pourtant, la dame décide de, malgré tout, mener un combat de tous les instants afin que son procès soit révisé.
L’univers carcéral est dur et ça on ne peut en douter. Mais de par sa plume aérienne, René Denfeld nous le fait découvrir d’une façon originale. Il est facile et évident de penser que cette fameuse « dame » dans la prison soit une part de René Denfeld, elle-même et de son propre parcours.
Même si ce livre reste une fiction, il n’en reste pas moins brillant d’authenticité. L’humanité qui découle de ce livre est tout bonnement une petite parenthèse enchantée dans mes lectures qui sont parfois, si sombres. Coup de cœur assuré !