> Quatrième de couverture <
« Sa capuche tombait bas sur son visage, frêle était-elle, osseuse, menue, telle une enfant, réduite par la faim à presque rien, à sa racine, ses nerfs, ses fibres, ses tendons. Bien qu’affamée et aveuglée par les ténèbres, elle était vive. »
Une jeune fille semble perdue au cœur de la forêt la plus obscure. Nous sommes au XVIIe siècle, dans un territoire qui deviendra les États-Unis. Elle vient de s’échapper, elle court loin de la servitude et des brimades. Maintenant, il faut survivre.
Dans ce conte sauvage, une fille sans avenir s’affirme en désobéissant, pour devenir au gré des épreuves une véritable héroïne. Les terres indomptées est un grand roman d’aventures, haletant, lyrique, porté par une écriture en état de grâce.
- Spécificités -
* Editions originales : Editions de L’Olivier
* Date de parution originale : 03/01/2025
* Nombre de pages : 272
* Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Carine Chichereau
Voilà bien un roman mystérieux où la quatrième de couverture n’en dit que très peu (et c’est bien mieux ainsi !). Nous nous trouvons au XVIIème siècle, quelque part au Nord, sur le territoire encore sauvage, qui deviendra bien plus tard les Etats-Unis d’Amérique et ce, sous les affres d’un rigoureux hiver.
Au départ, une jeune fille court, fuit, vers la forêt. Mais que ou qui fuit-elle? Qui est-elle ? Pourquoi part-elle sans se retourner ? Bien des questions se présentent aux lecteurs qui s’aventurent eux aussi dans les pages de ce conte, un conte sauvage aux multiples facettes.
Au fil de l’histoire, c’est au gré des pas de la demoiselle – dont nous apprendrons son nom que bien plus tard – que les paysages sauvages se dévoilent avec ses dangers, tout comme les réponses à nos questions.
Orpheline, elle a été recueillie par l’asile des pauvres et affublée d’un étrange patronyme : Lamentations Meretrix. Une famille bourgeoise l’y en sort pour qu’elle devienne la nourrice de la petite fille limitée de la famille, Bess, et ce, avant que tout le monde traverse l’océan en quête d’un idéal. Vient ensuite, cette course effrénée, en solitaire, contre son destin, contre la violence des hommes.
« C’est une faute morale de manquer la beauté du monde. » Hymne à la beauté du monde et à ce qui nous entoure, ce roman est sublimé par la plume poétique de l’autrice, Lauren Groff. Le lecteur y ressent ainsi les dangers, les émotions, les conditions météorologiques, l’époque aussi, avec un vocabulaire emprunté à celle-ci. Mélange de conte d’apprentissage et de nature-writing, on y apprend la condition féminine durant ces temps rudes, la vie dans les premières colonies mais aussi les premières mises au ban des autochtones.
J’ai beaucoup apprécié cette fiction sauvage bien que noire. Car, malgré cette noirceur, il existe toujours un brin d’espoir qu’il ne faut pas laisser filer. Cinquième roman de cette autrice américaine, je me laisserai très certainement tenter pour découvrir toute l’étendue de son talent.
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2024.