> Quatrième de couverture <
C’est l’hiver au nord du cercle polaire arctique. Elsa, neuf ans, est la fille d’éleveurs de rennes samis. Un jour, alors qu’elle se rend seule à skis à l’enclos, elle est témoin du meurtre brutal de son faon, Nástegallu. Elle reconnaît le criminel : Robert, un Suédois du village voisin qui harcèle sa famille et sa communauté depuis des années. Mais celui-ci la menace de mort et la petite fille, terrorisée, garde le silence.
Dix ans ont passé. Face à l’indifférence des autorités et de la police, la haine et les menaces à l’encontre du peuple sami n’ont cessé de s’intensifier. Et lorsque Elsa se retrouve à son tour prise pour cible, quelque chose en elle se brise : le poids du secret, le traumatisme et la peur qu’elle porte depuis son enfance refont surface, libérant une rage nouvelle, celle de vaincre et de vivre.
« Stöld » retrace la lutte d’une jeune femme pour défendre son héritage et sa place dans une société où la xénophobie fait loi, et dans laquelle les idées modernes se heurtent à une culture façonnée par les traditions et la peur.
> Spécificités < - Editions originales :Robert Laffont - Collection : Pavillons - Date de parution : 25/08/2022 - Nombre de pages : 450 - Traduit du suédois par Anna Postel
« Stöld » est, selon moi, un titre majeur de cette rentrée littéraire, que je peux considérer comme une invitation au voyage malgré des sujets très durs à propos de la population samie.
Jusqu’à présent, j’utilisais le terme « lapon » ou « Laponie » pour désigner ce peuple autochtone vivant dans le nord de la Scandinavie, en territoire Sápmi. Il s’avère, en fait, que le terme « lapon » est un terme péjoratif suédois désignant ce peuple comme « porteur de haillons ». Pourtant, il est doté d’une culture incroyable, d’une organisation sociale importante et d’une langue spécifique. Ils sont près de 85.000 individus, répartis dans le nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et dans la péninsule russe du Kola.
Ann-Helén Laestadius, elle-même d’origine samie, offre une véritable épopée au travers de l’histoire d’Elsa, une gamine de 9 ans et qui se poursuit après une période de 10 ans. La scène d’ouverture du roman est dure et elle risque d’hanter plus d’un lecteur. Pourtant, c’est ce point de départ choisi par l’autrice qui marquera tout le récit et démontrera toute la haine dont doivent faire face quotidiennement les Samis.
Même s’il s’agit d’une œuvre de fiction, l’autrice s’est largement inspirée de sa propre histoire ainsi que des centaines de plaintes déposées par les Samis et qui sont pourtant classées sans suite malgré la gravité des faits.
La xénophobie touche particulièrement cette communauté, que les effets dévastateurs du climat et les destructions par l’Homme de leur milieu naturel menacent chaque jour.
Bouquin très sombre, il offre un magnifique éclairage sur les discriminations qu’endurent chaque jour les peuples indigènes. Se lisant comme un roman noir, c’est tout un pan de cultures qui est offert aux lecteurs.
Je tiens à féliciter la traductrice, Anna Postel pour le magnifique travail de traduction effectué, offrant une fluidité épatante ainsi qu’aux graphistes qui ont opté pour une couverture à la fois très sobre à l’extérieur mais avec une belle touche d’originalité dans le livre en lui-même.
Lu pour le site 20minutes.fr
« In lamas du, leat di iezat. Leat beare luoikkasin munnje »
« Je ne te possède pas, tu es à toi, rien qu’à toi. Je ne fais que t’emprunter.«