> Quatrième de couverture <
Vivienne Kassoka est une brillante Sénégalaise qui vit à Paris où elle prépare une thèse sur Machiavel. Elle vient d’avoir une petite fille avec Emmanuel, un homme beaucoup plus âgé qu’elle, qui connaît bien l’Afrique. Si Vivienne se sent au confluent de deux cultures, elle semble parfaitement intégrée et paraît mener une vie paisible.
Pourquoi alors affirmer à Emmanuel qu’elle envoie leur bébé de quinze mois au Sénégal dans sa famille, puis acheter deux billets de train pour le Nord-Pas-de-Calais, réserver un hôtel face à la mer et commettre l’irréparable sur une plage de Berck ?
À son procès, Vivienne martèlera que cette tragédie est le fait d’un envoûtement, que des femmes jalouses de son village lui ont jeté un sort. Mais en France, contrairement à ce que l’on croit fermement dans son pays d’origine, ces histoires ne sont que des superstitions…
Peut-on y accorder le moindre crédit dans un tribunal ?
> Spécificités < - Editions : Le Cherche Midi - Collection : Les Passe-Murailles - Date de parution : 13/01/2022 - Nombre de pages : 157
Ce court livre ne compte qu’un peu plus de 150 pages, mais au niveau des émotions, c’est à la fois fort et puissant. Traitant comme principal sujet un infanticide, Isabelle Stibbe, s’inspire d’un fait divers réel de 2013. Elle apprivoise un choc des cultures entre la France et le Sénégal, qui même s’il n’explique pas le geste maternel, n’en reste pas moins un des facteurs essentiels dans le drame.
Vivienne Kassoka est une jeune fille issue de la bourgeoisie de Dakar. Elle arrive en France en vue de poursuivre ses études et sa thèse. Pourtant, elle y fait la rencontre d’Emmanuel, sculpteur beaucoup plus âgé qu’elle et ils se mettent en couple. Aurore sera le fruit de cette union. Alors que cette famille aurait tout pour vivre un parfait bonheur, Vivienne réserve un jour deux tickets de train pour se rendre à Berck où elle commettra l’irréparable.
Tout comme la couverture l’illustre si bien, ce livre est celui de l’ambivalence entre deux contrées, entre deux cultures, entre deux mondes à appréhender, avec ses us et coutumes si différents et pourtant si importants à comprendre. Les traditions sont ancrées en nous, qu’on le veuille ou non, qu’on reste dans son pays natal ou qu’on s’exile à l’autre bout du monde. Alors que pour nous occidentaux, une part non négligeable du vécu de Vivienne pourrait être considéré comme irrationnel, cette complexité n’est pas omise du récit.
Ce roman glaçant n’est pas là pour justifier le geste sordide mais apporte, petit à petit, des fragments de la vie de cette mère dont l’ancrage du folklore a pris le pas sur sa vie française et sa parfaite intégration. Les bribes d’informations se découvrent timidement dans le comportement de cette mère ainsi que dans celui de son entourage. Les faux-semblants de cette spirale destructrice entourant ce drame ne se révèleront qu’au cours du procès et saisiront effroyablement le lecteur.
Isabelle Stibbe en tire un roman poignant et troublant. Avec un brin de poésie, le côté purement sordide est mis de côté pour se concentrer sur la psychologie des protagonistes.
Vous ne pourrez-vous empêcher de vous rappeler la voix suave de Nina Simone sur cette chanson « I put a spell on you », éponyme au livre. Ici vous en découvrirez plutôt la version originale de 1956 de Screamin’ Jay Hawkins que vous entendrez résonner au fil de pages, jusqu’au final révélant bien des secrets.
Je remercie les Editions Le Cherche Midi pour leur confiance.