> Quatrième de couverture <
« Dès notre premier rendez-vous au Bûcheron, Flavia m’a parlé de la mère que Griselda a été pour elle, durant toutes ces années.
— Présente, aimante. Très aimante.
Elle m’a regardée dans les yeux en prononçant ces mots. Pour s’assurer que j’avais bien entendu, pour me faire savoir qu’elle ne disait pas ces mots à la légère.
“ Aimante, vraiment.” »
Griselda était la mère de trois enfants, deux garçons et une fille. Un jour d’hiver, au milieu des années 80, alors qu’elle était exilée en France, elle a noyé ses deux garçons dans la baignoire.
Plus de trente ans après les faits, la narratrice retrouve les survivants de ce drame familial. Sans dissiper le mystère du geste de Griselda, elle enquête pour tenter d’approcher l’inconcevable. Et d’entrevoir, au fond de la nuit, autour de la figure lumineuse de Flavia, le pari de l’amour et de la vie.
> Spécificités < - Editions : Gallimard - Date de parution : 06/01/2022 - Nombre de pages : 191
Lorsqu’on découvre la quatrième de couverture, on ne peut que se rendre compte que la lecture de ce livre ne sera pas facile au vu du principal sujet évoqué : une mère ayant tué deux de ses enfants. Pourtant, l’auteure, Laura Alcoba, en a écrit une histoire solaire, avec beaucoup de poésie, de pudeur mais surtout sans aucun jugement.
À la fois avec douceur et délicatesse, elle nous conte l’histoire terrible de Griselda, mère de trois enfants, qui – un vendredi de décembre 1984 – a tué deux de ses enfants. On y apprend beaucoup de cette journée funeste mais aussi du passé de cette femme argentine, avant son exil d’Argentine en France entremêlé des difficultés depuis son enfance à l’âge adulte.
La narratrice rencontre, trente ans plus tard, les différents protagonistes qu’elle a connus par l’intermédiaire de sa famille quand elle était plus jeune : la mère, le père mais aussi la fille survivante, Flavia ainsi que d’autres témoins du drame. Tous ces témoignages sont rassemblés, sans jamais sentencier les actes, et confrontés aux propres souvenirs enfouis de la narratrice. Elle expose simplement les faits. Ce qui pourrait paraître « froid » ou « détaché », ne l’est finalement pas, mais rempli d’humanité et porté par une plume habile.
Comme je l’avais déjà mentionné dans ma chronique du livre « Les jardins d’hiver » de Michel Moatti, j’éprouve un intérêt certain pour les événements qui se sont déroulés en Argentine durant les années 70-80. Leur évocation apporte une plus-value au fond de l’histoire.
La retenue et l’empathie dont fait preuve Laura Alcoba dans ce livre est à saluer. Exposant l’avant et l’après de ces infanticides, l’auteure n’a pas la prétention d’expliquer le pourquoi de ce terrible geste posé par une mère « aimante », telle que qualifiée par Flavia, qui n’était alors qu’une petite fille de 6 ans à cette époque.
Voilà un livre de cette rentrée littéraire hivernale très riche, que je vous recommande chaudement.
Je remercie les Editions Gallimard pour leur confiance.