> Quatrième de couverture <
Ce 9 juin 1936, Émile a vingt ans et il part pour son service militaire. Pourtant, rien ne vient bousculer les habitudes de ses parents à La Cordot. Peu importe qu’il les quitte pour deux ans, pas de fierté ni d’inquiétude. Il faut dire qu’il n’y a pas de héros en uniforme chez eux, la Grande Guerre a épargné les siens, même si c’est un temps dont on ne parle jamais, pas plus qu’on évoque l’ancienne magnanerie, ultime fierté familiale où, jusqu’en 1918, on a élevé les vers à soie.
Ce matin, sa mère n’a témoigné d’aucune tendresse particulière. Il y a juste ce livret, fourré au fond du sac de son fils, avant qu’il ne monte dans le bus pour Montélimar. Un livret de famille. À l’intérieur, deux prénoms. Celui de sa mère, Suzanne, et un autre. Baptistin. Ce n’est pas son père, alors qui est-ce?
Pour comprendre, il faut dévider le cocon et tirer le fil, jusqu’à remonter au premier acte de cette malédiction familiale.
> Spécificités < - Editions : JC Lattès - Date de parution : 19/08/2020 - Nombre de pages : 250
En 1936, Emile part à la guerre à seulement 20 ans. Alors qu’il risque de ne jamais revenir, ses parents poursuivent leur corvée quotidienne et il attend seul son bus qui doit le mener à Montélimar. C’est alors que sa mère lui apporte son livret de famille juste avant son départ. Une fois ouvert, il y découvre le prénom de sa mère et celui de « Baptistin » apposé à côté de la mention du père. Pourtant, son père se prénomme « Auguste ». Mais qui est donc ce « Baptistin »?
Ce livre porte comme thèmes les non-dits, les lourds secrets de famille et ce, traités de manière sensible et sobre. On peut aisément se rendre compte qu’à l’époque, il fallait souvent donner le change, quitte à « enterrer » les faits et sauver les apparences. Élevé dans ce petit village du sud de la France, Le Cordot, Emile a toujours vécu au sein d’un cocon, comme ces vers à soie élevés au premier étage du domicile familial.
Remontant l’histoire tout doucement, comme sur un dévidoir de fil à soie, on y découvre cet amour fauché par la guerre, où les aléas de la vie écorchaient même les plus forts. Le silence était roi à l’époque et l’absence devait être comblée, même si pour nous cela semble à des années-lumières. C’est un récit parfois rude – comment ne pas s’attacher à la mère d’Emile, Suzanne, que la vie est loin d’avoir épargnée – mais pourtant tellement vrai.
Paru lors de la rentrée littéraire 2020 et sa masse infinie de bouquins, ce livre intimiste mérite pourtant d’être lu pour sa sensiblerie, sa sincérité des sentiments et son authenticité. Premier roman doté de nombreuses qualités. Je m’y suis vite laissée portée et ai été agréablement impressionnée par cette plume, parfois un peu inaccessible mais démontrant un talent certain à nous narrer des récits de vie si proches de nous.
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs de L’Actu Littéraire 2020.