« Lorsque trois quarts des espèces vivantes disparaissent, quelles qu’en soient les raisons – une météorite, des volcans déchaînés, un changement climatique, l’activité humaine. Même pas l’activité : la présence. Dès qu’il y avait eu des hommes, les vivants qui les entouraient avaient commencés à s’éteindre. »
> Quatrième de couverture <
Corentin, personne n’en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s’en débarrasser. Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu’au jour où sa mère l’abandonne à Augustine, l’une des vieilles du hameau.
Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aïeule, une vie recommence.
À la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente. Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n’en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps ; les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare.
La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes : il ne reste rien. Guidé par l’espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts.
Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d’un monde désert, et la certitude que rien ne s’arrête jamais complètement.
> Spécificités < - Editions : J-C Lattès - Date de parution : 02/02/2020 - Nombre de pages : 334
Là, c’est la bonne surprise de mon mois de mars. Merci aux jurées du Grand Prix des Lectrices d’avoir choisi cette petite pépite. A vrai dire, la quatrième de couverture ne laisse pas passer un dixième de toute la richesse de ce livre.
On y fait la rencontre de Corentin, un enfant non désiré qui, dès les premiers pas dans la vie, doit se blinder pour faire face aux coups du sort. Alors que sa mère cherche pas tous les moyens de s’en débarrasser, elle le confie à une des aïeules de son village natale, Augustine. Heureusement pour lui, malgré ses airs renfrogné de cette dernière, il pourra grandir sainement avant de la quitter pour aller continuer ses études en ville. Un jour, il se passe un événement qui va changer la vie de Corentin mais également celle du monde tel que nous le connaissons.
Je m’arrête là dans l’histoire car je ne savais pas à quoi m’attendre et cela en fait l’une des nombreuses richesses de ce roman. Tout dans cette histoire m’a plue, que ce soit son scénario, la richesse psychologique des personnages, beaucoup de surprises et une finesse inégalée de l’auteur dans la façon dont elle conte son récit.
Roman d’anticipation, j’ai particulièrement aimé retrouvé ce genre dans cette lecture pour le Grand Prix des Lectrices de manière totalement inattendue. Alors que l’auteure pourrait se contenter de dérouler son histoire sans aller plus loin, elle n’hésite pas à pousser le lecteur au questionnement : que ferions-nous dans cette situation? Avons-nous le droit de tout faire ou certaines limites restent-elles prédéfinies malgré le chaos?
Derrière cette vision quelque peu pessimiste de l’homme, une citation me revient en mémoire : « L’homme est un loup pour l’homme » et tout du long des pages, cela ne fait que se confirmer. Malgré cette noirceur, un soupçon subsiste malgré tout au bout du chemin. Sandrine Collette parvient à retranscrire une humanité forte aux travers de ses personnages. Par une plume engagée, les problèmes écologiques prennent une dimension encore plus conséquente au fil des pages.
J’ai eu l’occasion de rencontrer son auteure, Sandrine Collette, lors de la Foire du Livre de Bruxelles cette année. Elle m’a avoué qu’elle était surprise que son livre ait été sélectionné, surtout vu la noirceur qui entoure son histoire. Considérant la situation que nous connaissons actuellement, qui n’était pourtant pas encore si présente au moment de cette rencontre, elle n’en a finalement qu’ébaucher les prémisses. Ce n’est peut-être pas un livre feel-good où tout le monde est gentil et doté de bons sentiments mais je l’ai trouvé pourtant incroyablement « solaire ».
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle, sélection « Littérature », du mois de février.
« Il fallait vivre chaque jour comme s’il était le dernier – pas pour se faire peur, mais pour avoir le moins de regrets possible. De toute façon, il en resterait. De toute façon, la mort n’était jamais parfaite. »