> Quatrième de couverture <
Le nouveau roman d’Edna O’Brien laisse pantois. S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane.
Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » – finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d’avoir souillé le sang de la communauté.
Girl bouleverse par son rythme et sa fureur à dire, à son extrême, le destin des femmes bafouées. Dans son obstination à s’en sortir et son inaltérable foi en la vie face à l’horreur, l’héroïne de ce roman magistral s’inscrit dans la lignée des figures féminines nourries par l’expérience de la jeune Edna O’Brien, mise au ban de son pays pour délit de liberté alors qu’elle avait à peine trente ans.
Soixante ans plus tard, celle qui est devenue l’un des plus grands écrivains de ce siècle nous offre un livre d’une sombre splendeur avec, malgré tout, au bout du tunnel, la tendresse et la beauté pour viatiques.
> Spécificités < - Edition : Sabine Wespieser Editeur - Nombre de pages : 250 - Date de parution : 12/09/2019 - Traduit de l'anglais (Irlande) : Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat
La quatrième de couverture et son résumé me faisaient très envie. Je ne connaissais pas l’auteure irlandaise, Edna O’Brien, mais quelle belle découverte, ai je encore fait là grâce au Grand Prix des Lectrices Elle.
A partir du fait réel qu’a été l’enlèvement de dizaines d’étudiantes par le groupe terroriste Boko Haram au Nigéria en 2014, l’auteure écrit l’histoire d’une de ces jeunes filles, telle qu’elle aurait pu être vraiment vécue. C’est sensible mais aussi tellement criant de vérité que, parfois, je me suis posée la question si c’était vraiment dans un roman que je me trouvais ou si l’une des écolières avait écrit son auto-biographie.
Jamais, Edna O’Brien ne tombe dans le pathos malgré cette histoire bouleversante. Elle ne se contente pas de raconter l’enlèvement ou le quotidien des enfants aux mains des kidnappeurs mais aussi la délivrance d’un chemin semé d’embûches ainsi que le retour à une vie « normale ».
Alors que des jeunes filles ont été délivrées, nous pourrions penser, nous petits européens, que la galère est désormais terminée, malgré des séquelles psychologiques. Mais on aurait trop souvent tendance à oublier que dans certains pays d’Afrique, la fin ne peut pas reprendre tout simplement son cours et se poursuivre un peu comme si rien ne s’était passé. Bien entendu, il y a la perte de certains êtres chers durant ces années de captivité mais il y a aussi ensuite le regard différent des autres membres du village et la mise au ban par ces gens qui étaient pourtant les voisins et amis.
Même si le livre n’est pas bien épais, j’ai trouvé l’histoire forte et pas superficielle comme cela pourrait laisser présager le nombre de pages. Le style d’écriture m’a énormément plu et beaucoup touchée.
Cette jeune « héroïne » dans ce pays si dénué de tout restera encore longtemps gravé en moi. Finalement, l’auteure vous met en quelque sorte un visage sur ces filles, hélas si vite oubliées en Occident, et pour moi les informations au sujet de ce groupe terroriste résonneront différemment dorénavant.
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices 2020 du magazine Elle.