« La vie est faite de rendez-vous manqués et quand on prend conscience de la peine qu’on a infligée à ceux qui ont attendu un geste, une parole ou un regard en vain, on porte cette souffrance en nous jusqu’au dernier jour. »
Quatrième de couverture <
Giulia n’a hérité de sa mère que son prénom, italien comme elle, et son amour pour Malaparte. Elle a grandi seule avec son père et avec les livres du grand écrivain. Elle est devenue mère, elle est devenue professeure d’université, spécialiste de Malaparte. Ses enfants ont grandi, ils ont encore besoin d’elle, mais c’est elle qui a besoin de vivre sans eux maintenant : elle ne fuit pas comme sa mère a fui dès sa naissance, elle fuit pour comprendre ce qu’elle a hérité de cette absente, ce qu’elle a légué, elle, mère si présente, à ses enfants.
Elle répond à l’invitation d’un ami universitaire et part seule à la Villa Malaparte à Capri pour écrire un livre. L’œuvre du grand écrivain, ce qu’elle lit, découvre de l’auteur dans cette maison mythique, sa solitude, le silence de la maison où sont passés tant d’hommes et de femmes qu’elle admire, tout cela sert sa quête : quelle mère a-t-elle été, quelle éducation a-t-elle reçu et a-t-elle donné ? Et une question plus grave et plus essentielle peut-être : a-t-elle aimé ses enfants ? Les aiment-elles tout en regrettant la vie qu’elle aurait pu avoir sans eux ? Etait-elle faite pour être mère ou est-elle faite comme sa mère pour la liberté, l’absence de responsabilités ?
« Le sommeil est ce qu’il y a de plus intime, c’est le seul moment où le visage prend sa forme la plus vraie, c’est dans cet abandon, dans ce relâchement, qu’on prend le plus de risques de se dévoiler. »
> Spécificités < - Editions : JC Lattès (ici, l'Actu Littéraire) - Date de parution : 06/03/2019 - Nombre de pages: 279
Voilà un livre sur lequel je ne me serais pas forcément retournée en librairie et pourtant, il m’a facilement transportée à Capri et fait voyager en Italie. On pourrait le considérer comme court vu son nombre de pages et pourtant, je l’ai trouvé complet, sans qu’il n’ait fallu que l’auteure n’en rajoute inutilement.
Giulia est professeur de littérature italienne à la Sorbonne et voue une admiration sans borne pour l’auteur italien, Malaparte, seul héritage, en plus de son prénom italien comme elle. Divorcée, elle a trois enfants et pourtant, ne trouve pas sa place dans sa famille. A l’occasion d’un séjour à Capri, sur les pas de l’écrivain Malaparte, elle fait un voyage intérieur par lequel elle va s’interroger sur certaines grandes étapes de sa vie de femme.
Je tiens à saluer le fait que l’auteure a le courage de prendre cette voie à propos de à la maternité. Ce n’est pas là un chemin facile de choisir de modeler son héroïne, que certains nommeraient facilement « mère indigne », et qui, malgré une certaine actualité, reste finalement assez tabou. J’avoue que par certains égards, j’ai trouvé parfois Giulia agaçante dans sa façon d’aborder sa maternité. Elle regrette d’avoir mis au monde ses trois enfants et se demande si, finalement, elle n’a pas « rater » sa vie de femme. Alors que certains pans de sa vie m’ont fait me raccrocher à la mienne, une certaine dose de son égoïsme a pu m’irriter. Je pense que c’est le genre d’héroïne à laquelle on s’attache beaucoup ou pas du tout.
Sylvie Le Bihan m’a fait aussi découvrir cet écrivain italien qu’était Curzio Malaparte et que je ne connaissais pas du tout, en alliant à la fois des éléments de son histoire personnelle et des extraits de ses oeuvres.
Un point précis que j’ai particulièrement aimé est ce final, tout en douceur en fin de compte et pour lequel, je ne m’attendais vraiment pas.
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs 2019 de l’Actu Littéraire.
"Rêver, c'est fuir, c'est se laisser emporter par ce sommeil passeur, menteur, dont on se réveille toujours déçu car face à la réalité, le rêve est toujours vaincu."