Je remercie les éditions Calmann Lévy et Netgalley pour m’avoir offert la chance de lire le premier roman d’un nouvel auteur.
> Quatrième de couverture <
Si on ne peut pas sauver tout le monde, comment doit-on choisir ?
Un roman vigoureux et fin qui fait se rencontrer préjugés et réalité, et nous interroge sur la valeur d’une vie.
Le soleil brille haut, la mer est calme. Six apprentis marins de l’école de voile quittent le port de Sète, dans une joyeuse anarchie encadrée par un moniteur. Parmi eux, le narrateur porte sur cette bande hétéroclite un regard doux-amer. Il a une raison intime d’être sur ce bateau, sur cette Méditerranée qui l’a recraché, lui, l’immigré syrien, des années auparavant, sur les plages françaises.
Et, tandis que la vie s’organise en mer, rythmée par les quarts et les manœuvres, les six personnes se confrontent les unes aux autres – dévoilant origines, horizons, idéaux et préjugés – et à elles-mêmes. Un concentré de comédie humaine.
Mais le jour où se lève la plus effroyable des tempêtes, la traversée vire à la tragédie.
Une déferlante emporte le moniteur. Ils sont maintenant six néophytes sur ce bateau, dont un blessé. Les secours contactés les rassurent : un patrouilleur de la marine va se dérouter vers eux, il faut tenir bon. C’est alors que le canal d’urgence de la radio grésille à nouveau. Une voix très jeune. L’enfant supplie, en anglais : « S’il vous plaît, nous sommes nombreux, le bateau est cassé, il prend l’eau. » Le patrouilleur en route vers la zone annonce qu’il va les secourir aussi.
Dans le voilier, le dilemme surgit aussitôt. Qui doit être sauvé en premier par la marine française ? Six Français sur un voilier qui ne tiendra peut-être pas jusqu’au bout, ou un bateau de migrants ? Tandis que les éléments continuent à s’acharner sur eux, les six s’affrontent sur la marche à suivre et sur la valeur des vies à sauver.
Le ton est vif et l’humour noir. Johann Guillaud-Bachet ébranle nos certitudes, bouscule les idées reçues, et les interrogations qu’il soulève sans jamais juger nous trottent longtemps dans la tête.
– Spécificités – * Editions : Calmann Lévy * Paru le 31/01/2018 * Nombre de pages : 194 pages
Même si je reste parfois dans ma zone de confort en lisant et chroniquant des auteurs déjà bien implantés, j’aime également découvrir de nouveaux auteurs et de nouveaux genres. Ici, je suis tombée en plein dans la nouveauté puisqu’il s’agit du premier ouvrage de Johann Guillaud-Bachet et ce fut une très bonne surprise.
La quatrième de couverture m’a fait directement pensé à celle du dernier livre de Sandrine Collette, « Après la vague », même si je ne l’ai pas encore lu. En tout cas, les thèmes abordés (immigration, peur de l’autre, terrorisme,…) sont d’actualité et ils ne sont pas abordés de manière mièvre mais juste et incisive.
On part à l’aventure avec 6 novices de la navigation et leur instructeur pour un stage de voile de deux semaines en Méditerranée. Alors que l’espace est confiné, on se trouve en compagnie de 6 fortes, mais totalement différentes, personnalités. Alors que l’exiguïté du bateau et la fatigue minent mêmes les plus vaillants après quelques jours, une terrible tempête éclate et les stagiaires deviennent alors les seuls maîtres à bord. Au même moment, un autre bateau composé de migrants envoie lui aussi un signal de détresse. Même si les secours promettent à chacun de venir les sauver, qui devraient être secourus les premiers ? La vie humaine a-t-elle la même valeur pour tout un chacun ?
Ce sont des questions simples à l’inverse des réponses qui ne le sont pas elles. L’auteur a le don de pointer le doigt là où ça fait mal et nous pose à nous, lecteurs, la question de ces remises en question. J’ai trouvé que l’écriture était déjà bien aboutie pour un premier roman.
Autant les descriptions sont nettes pour les paysages ou environnements, autant l’auteur nous laisse dans le flou quant aux personnages, les faisant évoluer et se découvrir au fil des pages. Ce n’est qu’après plus de la moitié du livre, qu’on se rend compte de toute la complexité du narrateur principal.
Il ne s’agit pas d’un très long livre (194 pages) et malgré tout, il se laisse apprécier doucement, sans qu’on ne veuille trop vite le finir. Les sujets abordés étant assez durs, ils ne sont pas bâclés par le fait que l’histoire est pourtant condensée. C’est un livre dont on ne peut que ressortir chamboulé et pour un premier roman, je dis « Chapeau bas à l’auteur » !