> Quatrième de couverture <
Un couple d’Américains dont on ne connaîtra jamais le nom se rend dans une ville d’Europe pleine de brume et de neige pour y adopter un enfant. C’est un voyage éprouvant lors duquel la femme voit ses forces s’amoindrir ; le mari, lui, s’inquiète de ce que la maladie de son épouse risque d’empêcher l’orphelinat de leur confier la garde du bébé.
Lors de leur arrivée, le couple s’installe dans le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel, un hôtel caverneux sur lequel flotte une inquiétante étrangeté. Le bar en est toujours ouvert, et le lobby peuplé d’une galerie de personnages énigmatiques, allant d’une ex-chanteuse flamboyante à un businessman débauché en passant par un curieux guérisseur.
Dans ce lieu déconcertant cerné par le froid, les apparences sont souvent trompeuses, et plus le couple lutte pour adopter l’enfant, plus leur mariage – tout comme leurs certitudes – semblent vaciller.
> Spécificités < - Editions originales : Christian Bourgois Editeur - Date de parution : 13/01/2022 - Nombre de pages : 329 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Catherine Richard-Mas
Muni d’un style d’écriture très élégant, l’auteur, Peter Cameron, emmène ses lecteurs pour un voyage troublant à la fois dans le temps et dans l’espace. D’abord, à travers l’espace, car l’intrigue se déroule dans une petite ville perdue, enneigée, loin de tout, sans qu’elle ne soit clairement identifiée ou localisée. Ensuite, le temps. Même si elle se passe sur une petite semaine, les jours se confondent avec les nuits. L’espace de temporalité est aussi flou. Cela se passe-t-il de nos jours ? Ou bien dans le passé ? Si oui, quand ? Difficile à en être certain.
« Ce qui arrive la nuit » est donc un roman très perturbant à bien des égards. Les deux personnages principaux ne sont identifiés que par les mots « homme » et « femme ». Ce couple New- Yorkais se retrouve bien loin de chez eux pour adopter un bébé. Les éléments du contexte ou leurs historiques ne sont que très brièvement abordés, laissant le lecteur les construire comme il les imaginerait.
Ensuite, l’essentiel de l’histoire se déroule dans un hôtel au nom imprononçable : le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel. Ce lieu énigmatique avec son bar ouvert 24h/24 regorge de protagonistes, tous autant déroutants et mystérieux. L’auteur a mis l’accent sur cet endroit où y règne une ambiance singulière et oppressante. Selon moi, cet aspect revêt une place considérable dans le roman et en fait un personnage à lui seul.
Cette ambiance feutrée risque de vous envoûter, tout comme je l’ai été. Hypnotique à bien des égards, ce livre donne l’impression de le « vivre » plutôt que de le lire. La toute fin m’a quelque peu décontenancée et je pense qu’elle me hantera encore un petit temps…
Lu pour le Prix Bookstagram du Roman Etranger.
Je remercie Christian Bourgois Editeur pour sa confiance.