> Quatrième de couverture <
Août 1985. A Paris, une femme s’est laissée mourir de faim chez elle pendant quarante-cinq jours en tenant le journal de son agonie. Son cadavre n’a été découvert que dix mois plus tard. A l’époque, Grégoire Bouillier entend ce fait divers à la radio. Et plus jamais ne l’oublie.
Or, en 2018, le hasard le met sur la piste de cette femme.
Qui était-elle ? Pourquoi avoir écrit son agonie ? Comment un être humain peut-il s’infliger – ou infliger au monde – une telle punition ? Se transformant en détective privé assisté de la fidèle (et joyeuse) Penny, l’auteur se lance alors dans une folle enquête pour reconstituer la vie de cette femme qui fut mannequin dans les années 50 : à partir des archives et de sa généalogie, de son enfance dans le Paris des années 20 à son mariage pendant l’Occupation…
> Spécificités < - Editions originales : Flammarion - Date de parution : 31/08/2022 - Nombre de pages : 912
Si vous n’êtes pas un amateur ou un adepte des pavés littéraires, alors je vous dis tout de suite : vous risquez de faire de gros yeux quand vous saisirez ce livre en librairie. En effet, il compte plus de 910 pages ! En plus de posséder un nombre très conséquent de feuillets, ces derniers sont très remplis et munis d’un texte à la fois très dense et très fourni.
Pourtant, je vous dirai aussi de ne pas trop vous effrayer non plus car comme on le dit si souvent : ce n’est pas la quantité mais la qualité qui compte, et avec « Le cœur ne cède pas », vous en aurez pour votre argent.
Grégoire Bouillier est parti d’un fait divers réel qui s’est déroulé courant des années 80 à Paris. Il s’agissait à la fois d’un drame humain mais aussi d’un drame sociétal. Un jour, Marcelle Pichon décide d’arrêter de s’alimenter. Cette sexagénaire tient alors un journal de bord tout au long de son agonie, qui dure près de 45 jours et ce, jusqu’à son décès. Son corps n’a été, ensuite, retrouvé que 10 mois plus tard dans son petit appartement au cœur de Paris. De cette idée, vient une enquête menée par l’agence Bmore Investigations, mandatée par le narrateur, un écrivain raté en la personne de Grégoire Bouillier.
Ce livre reprend les investigations menées par Bmore et son assistante, Penny, sur cette fin atroce par inanition que s’est infligée Marcelle Pichon. Ils tentent de comprendre qui elle était vraiment, qui composait son entourage, savoir pourquoi elle a décidé de poser cet acte terrible et cette façon de mourir et comment sa disparition durant plus de 10 mois a échappé à tout le monde.
Véritable labyrinthe autour de ce tragique fait divers, il est constitué de pistes erronées, de culs-de-sac, de distorsions risquant de parfois perdre son lectorat. Pourtant, nombreux seront ceux qui y verront le talent certain de la part de cet écrivain qu’est Grégoire Bouillier et ce, à juste titre.
Les références littéraires, cinématographiques, musicales sont hyper nombreuses et très fouillées. Le travail de recherches mais également intellectuel ainsi que la culture de l’auteur semblent sans fonds. J’en ai été tout simplement subjuguée car je ne pense pas m’être un jour trouvée dans un bouquin composé d’une multitude de ce genre.
Doté de 1000 et une qualités (nombre quasi équivalent à son nombre de pages), il s’agit tout de même d’une lecture qui demande du temps et de l’attention, notamment au vu des digressions innombrables et complexes initiées par l’auteur. C’est donc une lecture exigeante mais dont la finesse et l’ingéniosité invitent à embarquer le lecteur vers une odyssée à travers le temps et l’espace, hors du commun.
« Le cœur ne cède pas » est en lice pour de multiples prix comme la seconde sélection du Prix Goncourt, le Prix Renaudot mais aussi le Prix Femina 2022. Il est indéniable qu’il remportera l’un ou l’autre prix (voire peut-être tous, qui sait…) pour ce livre considérablement intelligent et émouvant.
Petit clin d’œil pour les curieux : le site Internet » lecoeurnecedepas.fr » existe bel et bien.
Lu dans le cadre du dossier sur la seconde sélection des livres en lice pour remporter le Prix Goncourt 2022 pour le site 20minutes.fr
« Pour plaisants qu’ils soient, bien des coups de cœur (des « coups d’un soir ») n’ont pas vocation à devenir des histoires d’amour ».
1 thought on “Chronique « Le coeur ne cède pas » de Grégoire BOUILLIER – Roman”