« J’écris pour oublier le bruit de la chair qui frappe la chair inerte pour réveiller la vie déjà partie, j’écris pour ignorer les cordes noires qui viennent me saisir aux mollets en essayant de me soustraire au monde vaillant, j’écris pour dire ce que j’ai cru voir dans le monde des ombres, dans le monde détraqué, j’écris pour dire je suis passée par là, j’écris pour laisser des petits cailloux, j’écris pour retrouver mon chemin dans la forêt.«
> Quatrième de couverture <
« J’attends que quelque chose se passe. Je crains, à tout moment, que ça ne fonctionne pas, qu’il y ait un problème, un chaînon manquant. Je ne vois pas comment cette opération pourrait se dérouler sans encombre. J’ai pris un numéro à l’entrée du service état civil, j’ai pris aussi mon air le plus désinvolte, comme si cela m’arrivait tous les mardis, d’aller me faire faire une identité. »
Avant d’être enceinte, Pauline ne s’était jamais posé la question de ses origines. Et puis cela devient crucial. Elle sonde alors le sens des mystérieux prénoms secondaires qui figurent sur sa carte d’identité : Jeanne, Jérôme, Ysé.
Fantaisie et drame, fantasme et réalité se mêlent dans ce récit envoûtant, qui nous conduit tour à tour sur les traces d’une aïeule aliénée, d’un ami de la famille disparu et d’une héroïne de fiction.
> Spécificités < - Editions originales : Gallimard - Date de parution : 25/08/2022 - Nombre de pages : 204
« Qui sait » est un roman intimiste, tout en sensibilité où l’auteure nous narre sa propre histoire de façon originale et émouvante car il est des événements sur lesquels il doit être particulièrement difficile d’écrire mais surtout de trouver les mots adéquats.
A la suite d’un terrible drame personnel, Pauline, 30 ans, découvre les trois prénoms attenant au sien. Jusqu’alors, elle n’y avait jamais prêté attention et ne sait au final quasi rien de ceux-ci. Afin de pouvoir se reconstruire, Pauline ressent le besoin de s’interroger sur leur présence mais surtout sur leur signification.
Dans sa quête personnelle d’identité, Pauline Delabroy-Allard emmène avec elle ses lecteurs, dans l’intimité familiale où un mot de trop n’est jamais prononcé et où les secrets anciens se perpétuent. Ses recherches se parcourent comme une véritable enquête où pour les témoins familiaux, l’omerta est parfois dure à briser.
Le livre est divisé en trois parties, intitulées chacune par l’une des trois questions kantiennes : que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Chacune est alors consacrée aux recherches de l’écrivaine sur l’origine de chacun des trois prénoms.
Autant, j’ai adoré les deux premières qui m’ont littéralement séduite à la fois par la plume que par le contenu et transportée, autant la dernière consacrée essentiellement à l’imaginaire, m’a un peu perdue. Je l’ai trouvée un peu longue et parfois trop abstraite au regard des deux premières. Alors que les parties consacrées à Jeanne et Jérôme sont assez rythmées, celle d’Ysé m’a semblé trop contemplative et assez lente.
Malgré cet écueil, j’ai malgré tout apprécié cette lecture de la rentrée littéraire 2022 décrivant parfaitement les émotions de la narratrice au fil des rencontres par une belle plume réaliste et sensible.
Je remercie les Editions Gallimard et Babelio pour l’envoi de ce livre dans le cadre d’une Masse Critique privilégiée.
« Le présent est infini pour qui prétend vivre seul, le temps devient une pieuvre perfide qui n’a de cesse d’agripper par la cheville celui qui a eu la prétention de se retirer du monde, et de le tirer vers le fond, là où l’éternité félonne et sans contours dévore le coeur. »