> Quatrième de couverture <
À la cinquantaine, la mère d’Antara déclenche les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Tout le monde attend que sa fille unique prenne soin d’elle. Mais la jeune femme renâcle. Car plus le passé déserte l’esprit de sa mère, plus le sien en est envahi. Ma ne l’a ni élevée, ni aimée, ni respectée. Quand Antara avait quatre ans, Ma s’est entichée d’un gourou, a fait fuir son père, l’a entraînée dans la secte d’Osho puis abandonnée aux tortures d’un pensionnat catholique…
Avec les souvenirs cruels, la colère longtemps refoulée déferle jusqu’à lui faire rêver d’euthanasie. À l’heure où elle s’apprête à devenir mère à son tour, Antara en vient à redouter le mimétisme. Ses dessins bizarres, obsessionnels, et ses installations auraient pu lui apporter la paix, si seulement Ma ne s’était pas employée à saboter sa vocation d’artiste.
> Spécificités < - Editions : Globe - Date de parution : 05/01/2022 - Nombre de pages : 304 - Traduit de l'anglais (Inde) par Simone Manceau
Avni Doshi a choisi un thème difficile pour son premier : celui de l’Alzheimer. Elle l’aborde sous l’angle de la maladie d’une mère qui, au fil des jours, a la mémoire qui s’effiloche et pour qui sa fille, Antara, se plie en quatre pour l’aider à garder ses souvenirs.
Ma n’a pas été une mère modèle, bien loin de là : lorsque sa fille avait 4 ans, elle l’a enlevée à son père et est partie vivre dans un ashram, sous le charme d’un gourou, y oubliant même l’existence de son propre enfant. Après plusieurs années où des adeptes l’ont élevée, Ma envoie sa fille dans une pension catholique, l’abandonnant une nouvelle fois à son triste sort.
La vie d’Antara a été une suite d’abandons par cette mère qui ne l’a jamais respectée, dont la tendresse lui a fait cruellement défaut, qui n’a finalement jamais joué son rôle de mère. Mais aussi par Pa, ce père, totalement dépassé par les élucubrations de son épouse. Pourtant, âgée d’une cinquantaine d’années, seule sa fille unique pourrait s’en occuper, comme tout le monde l’attend. Alors que l’une perd ses souvenirs, ceux de sa fille ne font que remonter à la surface.
L’auteure, Avni Doshi, dresse le portrait d’une mère acariâtre, égoïste, dont la gentillesse n’a jamais effleuré sa propre fille. Malgré ce manque d’amour, Antara, fille unique, ne cesse d’essayer de trouver des aménagements à cette mère qui n’a pourtant jamais été tendre envers elle. Malgré les liens de sang les unissant, la toxicité de cette mère pourrait la désunir à jamais de la chair de sa chair.
Traitant de la, ô combien, difficile relation mère-fille dans ce qu’elle a de plus inextricable, on ne peut que s’attacher au personnage d’Antara. Malgré tout, au deux tiers du livre, l’auteure nous livre un subtil détail qui nous fait revoir certaines de nos positions.
Ce livre a été finaliste du Booker Prize 2020. Ne tombant pas dans la facilité, ce roman sur la force de la mémoire ouvre la rentrée littéraire d’hiver avec beaucoup d’élégance et d’émotions.
Je remercie les Editions Globe pour leur confiance.
« Si nos conversations étaient des itinéraires, elles nous montreraient que nous revenons toujours à ce cul-de-sac, ce vide auquel on est incapables d’échapper. »