> Quatrième de couverture <
Surnommée « Mignonne », ce qui ne lui va pas comme un gant, Sarah Jane Pullman a déjà trop vécu pour son jeune âge : famille dysfonctionnelle, fugue à l’adolescence, crimes, petits boulots dans des fast-food… on se demande comment elle parvient à redresser la barre. Elle y arrive et, à sa grande surprise, est engagée comme agent au poste de police de la petite ville de Farr.
Lorsque le shérif titulaire disparaît, c’est elle qui prend sa place. Mais Sarah Jane ne se satisfait pas de la situation. Cet homme, Cal, était son mentor, son appui, et elle ne peut accepter qu’il se soit évanoui dans la nature. Elle va découvrir des choses qu’elle ne soupçonnait pas…
> Spécificités < - Editions originales : Rivages Noir - Editions Présentes : Le Grand Livre du Mois - Date de parution originale : 08/09/2021 - Nombre de pages : 220 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet
« Sarah Jane » est l’exemple parfait du roman noir américain. Son auteur, James Sallis, dresse le portrait d’anonymes, comme on peut en rencontrer des milliers et que, pourtant, nous oublierons une fois que nous nous seront retournés. Il leur donne un brin de lumière à ces gens, oubliés de tous. On est bien loin des strass et des paillettes des grandes villes américaines. Au contraire, on se retrouve dans un petit bled, que même sur les cartes, on peut difficilement trouver par hasard.
Le personnage de Sarah Jane est comme celui du chat, elle a neuf vies. Avant de devenir officier de police dans cette petite ville paumée, elle en a connu des aventures et surtout, des déceptions et des fuites. En arrivant à Far, elle se lie d’amitié avec le shérif, Cal qui disparait mystérieusement. Bien entendu, elle ne peut laisser cette disparition sans explication.
C’est une lecture attrayante par ce style si singulier qu’a James Sallis de conter son histoire. Pour toutes ses phrases, c’est comme si chacun des mots avaient été savamment étudiés, pensés, réfléchis. Jamais, un terme ou une phrase ne seront de trop. Bien au contraire, je suis restée sur ma faim, tant je m’y plaisais. Non que ce ne soit une histoire facile, mais c’est une atmosphère qu’on ne trouve pas forcément dans beaucoup de bouquins et parfaitement décrite.
Au travers des failles de son héroïne, James Sallis en décrit une femme combattive qui, malgré les écorchures de la vie, ne baissera pas les bras et continuera ses « combats ». Ponctué de nombreuses digressions ainsi que de flashbacks, ce livre donnera l’impression au lecteur de se trouver face à un journal, celui de Sarah Jane.
Depuis début novembre, je me rends compte que mes lectures ont souvent en commun ce type de personnages, désabusés, éreintés par la vie et pourtant si forts. Je m’aperçois que je m’y attache encore plus facilement et qu’ils apportent une part non négligeable à mon appréciation des bouquins. Le fait qu’ils soient pour la plupart à la première personne du singulier permet une immersion encore plus intense à l’histoire.
Deux éléments m’ont, cependant, frustrée : celui de la brièveté du récit ainsi que celui de l’absence, parfois, d’un fil conducteur plus manifeste. Malgré ces contrepoints, ce fût une lecture prenante et je ne manquerai pas de lire d’autres oeuvres de James Sallis.
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs de L’Actu Littéraire.
« On a beau scruter attentivement les cartes et repérer l’itinéraire, il est rare qu’on rallie la destination qu’en pensait atteindre ».