Littérature noire
« L’épouse silencieuse » de Karin Slaughter aux Editions Harper Collins, 688 p., traduction de Maxime Shelledy et Souad Degachi.
Comme nombre de prisonniers, Daryl Nesbitt n’a cessé de clamer son innocence depuis qu’il est derrière les barreaux. Pourtant, lorsque l’agent spécial Will Trent, du Georgia Bureau of Investigation, accepte de se pencher sur son cas, il doit se rendre à l’évidence : sous des airs d’accidents, de jeunes femmes continuent d’être brutalement assassinées selon le mode opératoire imputé à Nesbitt.
S’il devient clair que Will doit résoudre le crime d’origine pour parvenir à la vérité, près d’une décennie s’est écoulée – suffisamment de temps pour que les souvenirs s’estompent, que les témoins disparaissent et que les preuves s’évaporent. La tâche s’avère d’autant plus difficile qu’il doit remettre en question l’ancien chef de la police de Grant County, Jeffrey Tolliver, mort des années plus tôt. Un homme intouchable et estimé de tous, à commencer par la médecin légiste Sara Linton, petite amie de Will et ex-épouse du défunt Jeffrey…
« L’ombre des autres » de C. J. Tudor aux Editions Pygmalion, 320 p., traduction de Thibault Eliroff.
» Il envisageait de changer de file quand le visage d’une fillette apparut dans le pare-brise arrière, parfaitement encadré par les autocollants écaillés. Elle semblait avoir cinq ou six ans. Visage lunaire, joues roses. Fins cheveux blonds rassemblés en deux couettes hautes. La première chose qu’il se dit, c’est qu’elle aurait dû être attachée. La deuxième fut : Izzy. » Depuis ce jour, Gabe n’a jamais revu sa fille. Trois ans après ce drame, il arpente jour et nuit l’autoroute dans l’espoir de la retrouver. De leur côté, Fran et Alice passent aussi leur temps en voiture… mais pour fuir ceux qui leur veulent du mal. Leurs histoires convergent vers un même groupe : Les Autres. Soumettez-leur une requête, ils trouveront une solution. Mais à quel prix ?
« Justice divine » de Michael Hjorth et Hans Rosenfeldt aux Editions Actes Sud, collection Actes Noirs, 448 p., traduction de Rémi Cassaigne.
Vanja, la fille de Sebatsian Bergman, travaille sur une affaire de viols à Uppsala dans laquelle l’assaillant anesthésie ses victimes et leur couvre la tête d’un sac avant de commettre son crime. Lorsqu’une des victimes est tuée, la Brigade Criminelle est mobilisée – au grand dam de Vanja qui a tout fait pour s’éloigner de son père. Dans ce nouvel opus palpitant de la série Bergman – personnage lunaire, coureur de jupons invétéré, antihéros par excellence -, Sebastian et son équipe vont devoir mettre de côté leurs différends personnels pour trouver le dangereux criminel qui sème la terreur à Uppsala. Alors que la plus grande menace se trouve peut-être parmi eux…
« Dilemme en Sibérie » de Michael Cruz Smith aux Editions Calmann-Lévy, 324 p., traduction de Marie-France de Paloméra.
En pleine enquête sur deux oligarques qui menacent l’avenir politique de Vladimir Poutine, la journaliste d’investigation Tatiana Petrovna disparaît.
Mort d’angoisse à l’idée de tous les ennemis qui pourraient l’avoir fait taire à jamais, l’inspecteur Arkady Renko profite de la mission qu’on lui a confiée d’interroger un assassin à Irkoutsk pour s’enfoncer dans les profondeurs de la Sibérie afin de la retrouver.
2. Littérature blanche
« Une toute petite minute » de Laurence Peyrin aux Editions Calmann-Lévy, 432 p.
Pour le nouvel an 1995, Madeline, 17 ans, passe la soirée avec sa meilleure amie, Estrella. Cette dernière décède tragiquement sans autre témoin que l’adolescente, qui plaide coupable et doit purger une peine de vingt ans de prison. A sa sortie, elle cherche à recoller les morceaux de sa vie interrompue si brutalement.
« Un système d’une beauté aveuglante » d’Amanda Svensson aux Editions Actes Sud, 656 p., traduction d’Esther Sermage.
En octobre 1989, des triplés – Sebastian, Clara and Matilda – naissent dans un hôpital de Lund dans des circonstances dramatiques. La même nuit, un autre enfant vient au monde dans la même maternité, une fille aux yeux d’un bleu remarquable. Plus de vingt ans plus tard, leur mère leur annonce que leur père, son ex-mari, a mystérieusement disparu. Il laisse derrière lui un secret vieux de vingt-cinq ans qui va venir tout bousculer de façon irrémédiable, surtout pour l’un d’entre eux.
3. Documents, essais & témoignages
« Un étranger nommé Picasso » d’Annie Cohen-Solal aux Editions Fayard, 748 p.
Pourquoi le 18 juin 1901 Picasso est-il « signalé comme anarchiste » à la Préfecture de police, quinze jours avant sa première exposition parisienne ? Pourquoi le 1er décembre 1914 près de sept cents peintures, dessins et autres œuvres de sa période cubiste sont-ils séquestrés par le gouvernement français pour une période qui dure près de dix ans ? D’où vient l’absence presque totale de ses tableaux dans les collections publiques du pays jusqu’en 1947 ? Comment expliquer, enfin, que Picasso ne soit jamais devenu citoyen français ? Si l’œuvre de l’artiste a suscité expositions, ouvrages et commentaires en progression exponentielle à la hauteur de son immense talent, la situation de Picasso « étranger » en France a paradoxalement été négligée. C’est cet angle inédit qui constitue l’objet de ce livre.
« Sauver la liberté d’expression » de Monique Canto-Sperber aux Editions Albin Michel, 336 p.
Jusqu’où ? Jusqu’où laisser les apprentis censeurs d’aujourd’hui définir ce qu’on peut dire et ce qu’il faut taire ? Jusqu’où tolérer que défoulements et protestations envahissent le monde numérique ? Jusqu’où supporter que des extrémistes privatisent les règles de la parole, refusent le débat et installent leur hégémonie ?
La parole publique est déjà l’objet d’un rapport de forces, elle sera demain l’enjeu d’un conflit. Le temps des injonctions est révolu, il faut désormais résister.
La parole fait mal, change le seuil du tolérable et peut même réduire au silence. Il est donc légitime de la limiter, mais au plus près des délits et sans censure préventive. Bien sûr, on peut tout dire, mais pas n’importe comment et à condition de ne pas vouloir être seul à parler.
« N’oubliez pas leurs noms » de Simon Stranger aux Editions Globe, nombre de pages non communiqué, traduction de Jean-Baptiste Coursaud.
Dans la tradition juive, on dit qu’un être humain meurt deux fois. La première lorsque son cœur cesse de battre et que son cerveau s’éteint, la seconde quand son nom est prononcé, lu ou pensé pour la dernière fois. Pour lutter contre l’oubli, des « pavés de mémoire » portant chacun le nom gravé d’une victime des nazis, ont été scellés partout en Europe, en face de leur dernier domicile.
L’un d’eux, à Trondheim, en Norvège, porte le nom de Hirsch Komissar, assassiné le 7 octobre 1942. Il était l’arrière-grand-père de l’épouse de Simon Stranger.
En cherchant à lui rendre hommage, l’écrivain découvre une histoire incroyable. La maison où s’installa le propre fils de Hirsch, Gerson, avec sa famille, à partir de 1948, est l’endroit même où Henry Oliver Rinnan, l’agent double, avait installé son quartier général et une salle de tortures pour les Juifs et les résistants. Une villa d’une banalité à pleurer, surnommée Bandeklosteret, le cloître de la bande.
Pourquoi ? Ironie du sort ? Ignorance ? Ou désir de recouvrir le passé et de retourner le cours de l’histoire ?
« Heydrich, l’homme-clé du IIIè Reich » d’Edouard Calic aux Editions Nouveau Monde, 512 p.
Reinhard Heydrich fut parmi les dirigeants nazis l’un des plus féroces et des plus craints.
Cet ancien officier de marine fut distingué par Himmler et mis à la tête du SD, le service de sécurité de la SS. Ayant ainsi autorité sur les services secrets et la Gestapo, il eut entre les mains une puissance qui n’était guère dépassée que par celle de Hitler lui-même. Il fut avec Himmler l’un des concepteurs de la « solution finale de la question juive ».
Nommé protecteur de Bohême-Moravie, le « bourreau de Prague » fut abattu en 1942, à trente-huit ans, par des résistants tchèques. Son vœu ultime fut que la destruction des Juifs soit menée à bien.
L’apport essentiel d’Édouard Calic est de dévoiler dans cet ouvrage le rôle joué dans l’ombre par Heydrich dans toutes les provocations et attentats orchestrés par les nazis : l’incendie du Reichstag, qui permit leur prise de pouvoir, la Nuit des longs couteaux, l’assassinat du roi de Yougoslavie à Marseille, la Nuit de cristal, l’affaire de Gleiwitz, prétexte au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le faux attentat contre Hitler en novembre 1939, etc.
« Brève histoire de la Russie. Comment le pus grand pays du monde s’est inventé ? » de Mark Galeotti aux Editions Flammarion, 318 p., traduction non communiquée.
De quelle Russie Poutine est-il le maître ? Pour unifier ce peuple pluriel conquis tour à tour par les Vikings et les Mongols, sans véritable frontière naturelle, aussi européen qu’asiatique, la Russie a fait de ses multiples influences son identité propre, quitte à en forger les légendes. Mais, en jouant de ce passé, elle s’est enfermée et contrainte dans ses rapports au monde extérieur. Telle est la thèse de Mark Galeotti qui, tout en relatant avec brio son histoire en quelques chapitres enlevés, nous donne les clés pour comprendre ce pays-continent.
« La petite fille du passage Ronce » d’Esther Senot et Isabelle Ernot aux Editions Grasset, 220 p.
« Promets-moi de dire au monde ce que des hommes ont été capables de faire à d’autres ». Telle a été l’espérance formulée par Fanny quelques heures avant son assassinat dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau. Aujourd’hui, sa jeune sœur Esther tient sa promesse.
Dans les années 1930, sa famille fuyant l’antisémitisme polonais, migre vers la France et s’installe passage Ronce, quartier de Belleville. C’est là qu’Esther grandit avec ses cinq frères et sa sœur, dans ce quartier populaire, avec ses marchés, ses rues poussiéreuses, ses échoppes de cordonniers et de tailleurs. Une existence modeste mais heureuse qui bascule en mai 1940. Il y a d’abord l’arrestation de son frère Marcel puis celle de Samuel, envoyé à Drancy. La rafle du Vel d’Hiv les 16 et 17 juillet 1942 est un coup de hache. Esther ne reverra jamais ses parents. Elle se réfugie chez une gardienne, réussit à gagner la zone libre, revient à Paris où elle est finalement arrêtée lors d’un contrôle d’identité puis internée au camp de Drancy. Birkenau : Esther est rasée, tatouée, on lui assigne une baraque, un kommando. L’enfer commence : le travail forcé, le froid, la promiscuité, les coups, la maladie, la faim. Et la mort, partout.
Soixante-quinze ans après la libération des camps, Esther continue de faire vivre la mémoire des siens et d’honorer la promesse faite à sa sœur.
« Lettres à mon fils Charb » de Denise Charbonnier aux Éditions J-C Lattès, 220 p.
Stéphane Charbonnier, dit Charb, est mort assassiné dans l’attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Pour la première fois, sa mère prend la parole. Elle se souvient de l’enfant qu’il fut. Du dessinateur passionné, farouchement attaché à la liberté d’expression, qui le paya de sa vie. Denise Charbonnier raconte, « du dedans » , ce mois de janvier 2015, les années qui ont suivi jusqu’au procès qui s’est tenu de septembre à décembre 2020.
Elle ne cache pas sa colère contre les politiques qui n’ont pas pris la mesure du danger, ni contre la protection policière qui ne fut pas à la hauteur des menaces reçues. Le récit poignant d’une mère debout.
Postface de Richard Malka.
« Call-girl du Tout-Paris » de Patricia Herszman aux Editions Nouveau Monde, 320 p.
Lorsqu’elle a été recrutée par Madame Claude, Patricia est devenue « Florence ». C’était en 1975 et elle venait d’avoir 18 ans. La jeune fille de bonne famille s’est laissé tenter par l’aventure. La clientèle de Madame Claude, triée sur le volet, savait se tenir. Hommes d’affaires de renom, réalisateurs et stars de cinéma, piliers de la République ou chefs d’Etat étrangers, ils avaient de l’éducation, comme les filles qui les recevaient à domicile ou les retrouvaient lors de voyages.
Cette échappée dans les années 1970-1980, empreinte d’une liberté regrettée, compte aussi des épisodes plus sombres, comme la disparition de deux call-girls – dont l’une était sa meilleure amie – envoyées auprès d’un chef d’État au Yémen, et retrouvées assassinées. Patricia devait faire partie du duo et n’a dû qu’au hasard de rester à Paris. Elle a voulu connaître la vérité sur la mort de son amie, impliquant les services secrets de plusieurs pays, mais la raison d’État en a décidé autrement.
4. Jeunesse
« Wild child » de Neil Connelly aux Editions Bayard Jeunesse, 416 p., traduction de Dominique Kugler, à partir de 14 ans.
Eddie est un lutteur hors-pair.
Battu pendant toute son enfance par son père, il écume sa rage sur le ring.
Un jour, il explose et s’en prend à l’arbitre. Sa vie bascule. Il est exclu de son lycée et risque la prison.
Mais Sunday, l’organisateur des plus grands combats illégaux du pays, a repéré depuis longtemps le talent de Mac, et souhaite qu’il rejoigne ses combattants.
En échange : la richesse et la liberté.
Eddie rentre alors dans un monde de violence et de fureur, un univers sans pitié soumis à la loi du plus fort.
Pour l’entraîner, il est confié à Khadjee, une jeune adolescente qui évolue dans ce milieu depuis sa plus tendre enfance.
Elle connaît les combats et les lutteurs mieux que quiconque.
Si elle n’était pas une femme, elle serait, elle aussi, sur le ring.
Ensemble, ils vont tenter de survivre et de ne pas laisser leurs démons prendre le contrôle.