Mercredi 14 avril 2021
Littérature noire
« Résurrection » de Giacometti & Ravenne aux Editions JC Lattès, 450 p.
1291, Terre sainte. Un groupe de templiers, chargé d’une mission secrète, est massacré au milieu du désert. Un seul chevalier en réchappe, miraculeusement.
1943. Des ténébreux châteaux allemands aux couloirs troubles du Vatican, Tristan Marcas s’engage malgré lui dans une nouvelle quête.
À la recherche d’un mystère qui le conduira jusqu’aux portes de l’enfer.
2. Littérature blanche
« Le parfum de l’exil » d’Ondine Khayat aux Editions Charleston, 384 p.
À 37 ans, Taline est créatrice de parfums dans l’entreprise familiale fondée par Nona, sa grand-mère qui l’a élevée. Lorsque celle-ci décède, Taline suit les indications qu’elle lui a laissées et découvre un carnet en cuir, qui a appartenu à Louise, son arrière-grand-mère. Louise avait 14 ans quand le génocide arménien a commencé en 1915. Forcée à l’exil, elle a perdu tous les siens et a survécu à l’indicible. Comment alors se reconstruire, comment renaître, créer une famille et devenir mère lorsque sa propre enfance a été brisée par l’horreur ? Soutenue par Anton, un journaliste d’origine arménienne, Taline se plonge dans la lecture de son histoire familiale. En levant le voile sur les secrets et les traumatismes du passé, parviendra-t-elle enfin à se libérer des cauchemars qui la hantent et à vivre sa propre vie ?
« Le corps d’origine » de Jean-Luc Barré chez Grasset, 216 p.
Depuis le début de sa carrière politique, Guillaume Roussel a triché sur presque tout : l’argent, le sexe, les idées. Tout est usurpé dans son image publique, à commencer par la rigueur des principes et la fidélité aux valeurs dont il se réclame. Leader d’une droite qui se veut dure et sans concession, Guillaume Roussel s’est doté, au fil du temps, du profil adéquat : défenseur de l’ordre et de la tradition, gestionnaire sourcilleux, époux vertueux, chef de famille exemplaire, catholique de stricte obédience. C’est ainsi qu’il a réussi, porté par une ambition débridée, à accéder aux plus hautes charges de l’Etat. Elu député à trente cinq ans, devenu ministre de l’Intérieur à cinquante ans, avant de s’emparer de Matignon quatre ans plus tard. Ce qu’on appelle un parcours sans faute…
A cinquante-huit ans, tout destine Guillaume Roussel à remporter la prochaine élection présidentielle quand il est mis en cause dans l’assassinat d’un prostitué marocain. Son nom est cité, parmi d’autres familiers du jeune homme, dans une lettre révélée après sa mort par un site d’investigation réputé pour ses enquêtes sulfureuses. Toute une partie de sa vie éclate au grand jour. On découvre, outre une bisexualité dont sa femme a toujours feint de ne pas s’apercevoir, sa connivence avec un des pourvoyeurs de fonds des milieux politiques et ses véritables origines idéologiques qu’il a reniées par opportunisme, pour prendre la tête d’un parti de droite, bien qu’issu de la gauche.
« La tante qui ne voulait pas mourir » de Shirshendu Mukhopadhyay chez Calmann-Lévy, 128 p. traduction d’Edith Ochs.
Au Bangladesh, la jeune Somlata épouse un homme plus âgé, et de caste supérieure. Elle intègre alors sa maison familiale bondée, où vit la terrifiante grand-tante Pishima.
Un beau jour, celle-ci meurt sous les yeux de Somlata.
C’est alors que le fantôme de Pishima lui confie une mission : récupérer ses bijoux cachés pour que personne ne mette le grappin dessus.
En parallèle, Boshon, l’adolescente rebelle de la maison, rejette tous ses prétendants au mariage. Quelle n’est donc pas sa surprise quand elle tombe amoureuse de son voisin, bien plus pauvre qu’elle…
« La famille » de Suzanne Privat aux Editions les Avril, 224 p.
Dans ce coin du XXe arrondissement de Paris, on les remarque sans les connaître. Ils portent les mêmes noms, ne se mêlent pas aux autres. Au café, à l’école, Suzanne entend des rumeurs sur ces troublants
« cousins ». Alors elle cherche, interroge. Et peu à peu, les pièces du puzzle s’ajustent pour former un tableau sidérant. Depuis 1892, huit familles ont décidé d’unir leur destin pour n’en former qu’une, soudée par la religion, le secret et des règles de vie strictes. Entre eux, ils se nomment « la Famille ». Dans cette communauté qui rassemble plusieurs milliers de personnes, on habite les mêmes immeubles, on s’épouse entre soi. Les règles y sont nombreuses, les vies toutes tracées. Il y a aussi les fêtes, la solidarité. Ceux qui veulent s’affranchir sont contraints de partir.
« Le Voyage de Cilka » de Heather Morris aux Editions Charleston, 476 p., traduction de Géraldine d’Amico et Laurence Videloup.
SA BEAUTÉ L’A SAUVÉE… ET L’A CONDAMNÉE Cilka Klein n’a que 16 ans lorsqu’elle est déportée. Très vite remarquée pour sa beauté par le commandant du camp de Birkenau et mise à l’écart des autres prisonnières. À la Libération, elle est condamnée pour faits de collaboration et envoyée dans un camp de Sibérie ; c’est alors un deuxième enfer qui commence pour elle. Au goulag, où elle doit purger une sentence de quinze ans, elle se lie d’amitié avec une médecin, et apprend à s’occuper des malades dans des conditions inimaginables. C’est ainsi qu’elle rencontre Alexandr, et qu’elle se rend compte que l’amour peut naître même dans les moments les plus dramatiques.
Suite du livre « Le tatoueur d’Auschwitz », paru en format « Poche » le 06/01/2021.
3. Documents, témoignages & essais
« L’aube naît du chant des oiseaux » de Charlotte Sagorin Colet aux Éditions Calmann-Lévy, 252 p.
Un banal accident de la route et l’absurde surgit au coeur de l’existence de Charlotte.
C’est encore l’aube quand elle apprend la mort de son mari, l’amour de sa vie, le père de ses deux grands enfants. À travers la souffrance et la perte de sens s’ouvre alors pour cette femme le long chemin du deuil et de la reconstruction de soi, parfois à son corps et à son coeur défendant.
Avec une rare clairvoyance, puisant dans la littérature et l’art, elle raconte sans fard chaque mouvement de l’âme endeuillée. Une expérience éminemment personnelle et charnelle, qui pourtant touche à l’universel.
Ce récit d’une renaissance est aussi l’histoire d’un amour magnifique, rendu éternellement vivant à travers les souvenirs bouleversants restitués dans ce livre, aux dépens de la mort.
Jeudi 15 avril 2021
Littérature blanche
« La lumière était si parfaite » de Carène Ponte aux Editions Fleuve, 288 p.
Comment sa vie a-t-elle pu lui échapper à ce point ? Devenue mère au foyer à la naissance de ses enfants, Megg fait face aujourd’hui à une ado en crise qu’elle ne reconnaît plus. Son mari ne se préoccupe guère des tâches quotidiennes. Et puis il y a eu le coup de grâce, cette saleté d’infarctus qui a fauché sa mère avant l’heure. Tandis qu’elle se résout à vider la maison de son enfance, Megg déniche une pellicule photo qui l’intrigue, et décide de la faire développer. Rien ne pouvait la préparer à la série de clichés qu’elle découvre alors… Une révélation qui bouleversera sa vie. Partie sur les traces d’un passé maternel dont elle ignore tout, Megg ne se doute pas que c’est son avenir qu’elle est en train de reprendre en main.
« Vieux criminels » de Nicolas de Crécy aux Éditions Gallimard, 336 p.
Ils ont connu la gloire sous le nom de Bonnie Parker et Clyde Barrow, quand ils semaient la mort le long des routes du Texas. À présent, ils sont Éva et Claude et vivent planqués de ce côté de l’Atlantique, dans cette France où Valéry Giscard d’Estaing sera bientôt président. Ils tiennent le lavomatique d’une localité perdue des Cévennes, dissimulant ainsi un commerce illicite de poudre blanche. Mais les clients sont rares, la boutique périclite et les truands doivent revenir à leur passion de jeunesse, le hold-up. La tentative est un naufrage. Après une fuite piteuse, Éva et Claude s’égarent dans un sous-bois où ils découvrent, effarés, l’être le plus vulnérable qu’il soit donné de rencontrer.
« Liens de sang » d’Octavia E. Butler aux Editions Au Diable Vauvert, 480 p., traduction de Nadine Grassie et Jessica Shapiro.
Dana, jeune femme noire d’aujourd’hui, se retrouve propulsée au temps de l’esclavage dans une plantation du Sud et y rencontre ses ancêtres…
« Olinka » d’Antonio Ortuño aux Editions Christian Bourgeois, 260 p., traduction de Margot Nguyen Béraud.
Après quinze ans, Aurelio Blanco sort de la prison où il a été incarcéré pour son rôle dans l’escroquerie d’Olinka, un complexe de luxe construit par d’obscurs détours et une appropriation de terrains publics. Par loyauté aux Flores, sa famille politique, Aurelio a pris la faute sur lui contre la promesse de sortir vite de prison, avant d’être abandonné à son sort. Maintenant qu’il est à nouveau libre, il compte bien récupérer ce qu’on lui a volé : son foyer, sa fille, sa vie.
Olinka aborde la crise d’un clan des affaires de Guadalajara, capitale et paradis du blanchiment d’argent. C’est là que les Flores ont construit leur ville, en s’inspirant d’une vieille idée du Dr. Atl., qui voulait ériger une ville pour les scientifiques et les artistes. Mais la réalité mexicaine transforme les utopies en farces sanglantes, et la multiplication des projets immobiliers est un signe clair de la corruption rampante.
« Les disparus de la Purple Line » de Deepa Anappara aux Éditions des Presses de la Cité, 352 p., traduction d’Elisabeth Peellaert.
À 9 ans, Jai regarde un peu trop de séries policières et se croit beaucoup plus futé que ses amis Pari et Faiz. Tous les trois vivent avec leurs familles dans une mégalopole indienne noyée dans le smog, entre la décharge et les allées grouillantes du Bhoot Bazar.
Quand un de leurs camarades de classe manque à l’appel et que les autorités ferment les yeux, Jai décide d’employer ses talents de détective, acquis au fil des épisodes de Police Patrol, pour mener l’enquête. Le trio s’aventure ainsi sur la Purple Line, la ligne de métro locale, et dans les coins les plus dangereux de la ville. Mais ce qui n’était au début qu’un jeu tourne vite au drame lorsque les disparitions s’enchaînent, jusqu’à toucher Jai en plein coeur.
Pour découvrir la vérité, les enquêteurs en herbe devront affronter des parents impuissants et dévastés, des forces de l’ordre corrompues et les djinns qui hantent les rues sombres en quête d’âmes à voler…
« Six ans, vingt-huit jours » d’Antoine Raccat aux Éditions Robert Laffont, 324 p.
Sans nouvelles de Valentin depuis leur rupture deux automnes auparavant, Caroline reçoit un soir un appel de lui. Il lui propose de l’accompagner en Grèce une partie de l’été. Vingt-huit jours. Le temps de se remémorer leurs six années passées ensemble.
Mais l’autre, parfois, n’est pas celui que l’on croit. Caroline et Valentin le découvrent tour à tour, confrontés à leurs mensonges et à leurs secrets.
« De l’autre côté des rails » de Renea Winchester aux Editions Le Nouveau Pont, 238 p., traduction de Marie Bisseriex.
1976, Bryson City, petite ville ouvrière des Appalaches de Caroline du Nord. De l’autre côté des rails, à l’écart de la ville, trois générations de femmes luttent ensemble pour joindre les deux bouts. Mamie Pearlene perd un peu la tête. Barbara part tous les jours à l’usine pour coudre des vêtements qu’elle ne pourra jamais s’offrir. Carole Anne est encore au lycée, mais travaille en cachette pour s’enfuir un jour vers un avenir meilleur. Elle ignore que Barbara avait autrefois caressé le même rêve, et qu’il s’était brisé en une seule nuit. Grandir du mauvais côté des rails prédestine-t-il à courir après le rêve américain sans jamais l’atteindre ? La mère réussira-t-elle à faire taire le passé quand sa fille sera portée disparue ? Je vous le chroniquerai bientôt.
2. Littérature noire
« Les voisins » de Fiona Cummins aux Eiditons Slatkine et Cie, 509 p., traduction de Jean Esch.
C’est le rêve de tous les Anglais. Un coquet village dans l’Essex, au nord de Londres. Une belle et grande maison, un jardin, une bonne école, un petit chemin calme et verdoyant qui mène à la mer. Parfait pour faire du jogging et promener le chien. Mais c’est aussi le terrain de chasse d’un tueur en série.
En s’installant dans L’Avenue avec leurs deux enfants, les Lockwood voulaient repartir de zéro, mettre toutes les chances de leur côté. Bien sûr, ils avaient entendu parler de crimes dans la région, mais ils ne s’attendaient pas à ce que ce soit là, devant chez eux, dans L’Avenue.
Wildeve Stanton mène seule l’enquête.
Tout le monde a ses petits secrets. Les Lockwood comme leurs voisins.
Je vous le chroniquerai bientôt.
« L’heure des chiens » de Thomas Fecchio aux Editions du Seuil – Collection Cadre Noir, 384 p.
En l’espace d’un week-end, le quotidien de la ville de Soissons sombre dans le chaos. Les tombes musulmanes de la nécropole dédiée aux soldats de 14-18 sont atrocement profanées et de l’autre côté de la ville, Julia, en convalescence à la suite d’un accident traumatisant, trouve une main sauvagement coupée sur les berges de l’Aisne. L’adjudant Gomulka, gendarme désabusé et proche de la retraite, se voit confier ces deux enquêtes. Face à la violence et la noirceur de ces crimes, il ne s’opposera pas à ce que le lieutenant Delahaye, surnommé « la Machine », lui prête main forte. Au cœur d’une ville qui porte les stigmates du premier conflit mondial, les deux hommes vont devoir démêler l’écheveau de ces deux affaires, qui n’en formeront peut-être qu’une. « L’invasion s’arrête ici ».
Une enquête sombre dans les bas-fonds de notre société.
3. Documents, témoignages & essais
« Le sablier » d’Edith Blais aux Editions de L’Homme, 272 p.
En janvier 2019, les familles d’Edith Blais et de l’Italien Luca Tacchetto lancent un appel à l’aide: les deux voyageurs ont disparu quelque part en Afrique sans laisser de traces. Entre la nouvelle de leur disparition et celle de leur libération, 15 mois s’écouleront pendant lesquels personne ne sait ce qu’il est advenu d’eux.
Avec Le sablier, Edith lève le voile sur son histoire et répond aux questions que tous se posent. Qui les a détenus? Dans quelles conditions? Pour quelles raisons? Comment ont-ils survécu? Et dans quelles circonstances ont-ils retrouvé la liberté? Un témoignage de résilience magnifiquement illustré, que viennent soutenir des poèmes rédigés en captivité, et dont on ressort à bout de souffle. Un récit qui nous transporte dans un univers brutal et méconnu.
« Fissuré » d’Odéric Delachenal aux Editions Métailié, 144 p.
Odéric Delachenal a vécu en Haïti de 2008 à 2010. Il travaille pour la délégation catholique pour la coopération. Le 12 janvier 2010, à 16:53:10, il vit le grand séisme de Port-au-Prince. Cet après-midi-là, la capitale s’effondre avec lui. Alors, sans relâche, le jeune éducateur erre dans des décombres de fin du monde. Protéger, rassembler les enfants épars pour les mettre à l’abri. Courir la ville écrasée, en quête des siens. Soigner, secourir, fouiller les gravats. Il arpente la ville exsangue, à la recherche de ses amis, des enfants qu’il est « censé » protéger.
Comment se détacher du pire quand, atteint au cœur, on est désemparé ? Comment continuer lorsqu’on rentre en France, « ce pays en paix », et qu’on s’immerge dans l’absurdité d’un travail social où on doit « trier » les enfants migrants auprès de la Protection de l’enfance ? L’auteur examine ici, avec une sincérité déchirante, les contradictions et les cicatrices de ceux qui rêvent d’aider, de changer le monde, et qui se rendent compte qu’ils sont à peine des minuscules pansements, hantés par la brutalité de leur insignifiance, de ce qu’ils ont vu et de ce qu’ils côtoient au quotidien.