Je tiens à remercier chaleureusement son auteur, Pierrick Bourgault (ainsi, qu’à son éditeur, Dunod) de m’avoir permis de découvrir ce petit essai sur un phénomène de société qui nous touche tous : notre envie de tout photographier, partout, tout le temps.
> Quatrième de couverture <
D’où vient notre envie irrépressible de momifier le présent, cette inflation de clichés si vite oubliés ?
Que cache cet engouement pour les selfies auxquels nous soumettons nos proches, les œuvres des musées et les plus beaux paysages ?
Cet essai léger mais sans concession s’intéresse à la manie actuelle de numériser nos vies à outrance. Il s’adresse aux personnes sensibles aux excès du tout-connecté et du » tout photographier, tout le temps « , aux citoyens avides de détox digitale dont la conscience écologique et sociale s’interroge. Profitons de l’instant sans écran, gardons l’œil et l’esprit vifs, préservons notre budget et l’environnement… En un mot, vivons pleinement, ici et maintenant !
– Spécificités – * Editions : Dunod * Paru le 16/05/2018 * Nombre de pages : 176
Chroniquer un essai n’est pas un exercice facile mais je vais essayer de m’y atteler au mieux car ce livre mérite d’être découvert et lu.
Non, que je ne lèche les bottes du généreux auteur ( 😉 qui m’a proposé son livre mais il a la vertu de m’avoir fait réfléchir sur mon rapport avec les photos que je prends quasi quotidiennement.
Il faut savoir que l’auteur est lui-même photographe mais aussi auteur et journaliste. Il a été lauréat du Grand Prix AFJA pour ses reportages en Irak. Son gagne-pain est donc la photographie et pourtant, il arrive avec une certaine ironie à vous faire douter du bien-fondé de la photo que vous pensiez faire à l’instant.
Qui n’a jamais été dans une situation (avec son animal de compagnie ou son enfant, en voyage, lors d’un concert,…) où on dégaine notre smartphone ou appareil photo plus vite que notre ombre afin de fixer l’instant?
Dernièrement, je me suis encore rendue à un concert où plus de la majorité de la salle mitraillait et enregistrait la prestation de l’artiste, et ce quasi sans arrêt, pour finalement me poser une seule et bête question : ces gens-là ont-ils vraiment profité du spectacle ou l’ont-ils vécus par procuration à travers leur objectif ? Je vais peut-être faire vieux jeu, mais je trouve que c’est encore plus prononcé pour les générations qui viennent après moi (rho, la vieille qui parle ici).
Quand je suis dans la rue ou dans les transports en commun, j’ai souvent l’impression que les adolescents ont leur portable greffé à leurs mains. Le nombre d’heures à « espionner » au travers des réseaux sociaux ne cessent d’augmenter et qu’est-ce qui alimentent en premier ces réseaux sociaux ? Bien entendu, les photos et même les vidéos…
Contradictoirement, alors que le nombre de photographies explose, nous sommes moins enclins à les imprimer, les ajouter dans des albums comme nos parents et grands-parents le faisaient pour pouvoir y replonger quand bon leur semblaient, malgré les effets bénéfiques comme le souligne la photographe et thérapeute belge, Emilie Danchin.
Pierrick Bourgault aborde aussi le fait de cet invasion grandissante des selfies et de cet égocentrisme exacerbé, menant parfois à l’absurdité des certaines situations quand ce n’est tout simplement pas tragique (je pense directement comme exemple : le selfie fatal d’un adolescent pris au-dessus d’un wagon de train ou de métro,…).
Malgré le sérieux du sujet, l’auteur garde un style d’écriture humoristique et nous confronte à nos propres habitudes. Pour moi, les photographies (imprimées ou non) sont synonymes de souvenirs, qu’ils soient bons ou parfois moins plaisants.
Ayant une peur panique, peut-être irrationnelle je ne sais pas, de perdre un jour la mémoire, j’essaie de graver si pas dans mon esprit, quelque part, quel que soit le support (carte SD, disque dur portable ou non, « cloud », réseaux sociaux, blog,…) certains moments de ma vie. Malgré tout, j’essaie de ne pas perdre cette opportunité exceptionnelle qu’est la possibilité de vivre l’instant présent.
Le livre est illustré tout du long par des dessins de Christine Lesueur, elle-même auteure et dessinatrice. C’est original pour ainsi casser la « routine » de l’exposé. Ce document assez court est le genre de livre que l’on ouvre pour y lire un chapitre ou deux, le refermer et ensuite, mieux y revenir un peu plus tard. Je ne l’ai pas lu comme un roman traditionnel mais il ne m’a pas moins plu d’y revenir.
Aujourd’hui, dans notre société hyper-connectée, nous photographions à tout va. En 2017, quelques 1 200 milliards de photos ont été prises à travers le monde. Et si on profitait tout simplement du moment présent….